Seppuku est l'histoire d'une vengeance à la suite d'un acte d'une cruauté sadique inouïe (la scène la plus cruelle de l'histoire du cinéma?) sous prétexte de respect du code d'honneur qui devient ici le code de l'horreur et de la bassesse humaine réunies. L'histoire plutôt simple au premier abord est exposée à l'aide d'une habile narration en tiroir permettant de découvrir sa vraie complexité. Dans un premier temps, la version sommaire de l'intendant fait apparaître la victime comme un lâche manipulateur qui, suivant la Bushido, mérite amplement sa fin. La version réelle détaillée par Tsugumo montre que la lâcheté est en fait du côté opposé, construction rappelant quelque peu celle de Rashomon. Ce scénario de l'immense Hashimoto, convenait parfaitement à Kobayashi qui défendait la théorie selon laquelle le système instauré par le Shogun ne fonctionne correctement qu'en temps de guerre. En temps de paix, il mène à la déchéance morale, à la lâcheté, à la pingrerie et à la fourberie permettant aux caractères faibles d'assouvir collectivement leur revanche sur leur condition d'exécutant au détriment d'un jeune rônin indigent. Dès le premier plan, l'armure vide, aussi maléfique que surannée (plan auquel renvoie la manière dont l'utilisera le héros à la fin) donne le ton à la mise en image qui permet d'illustrer une progression logique et implacable. Il faut plusieurs visions du film pour s'en apercevoir, de multiples thèmes sous jacents étant traités en parallèles alternées, ce qui ne rend pas leur appréhension immédiate. A la première vision, le fil de l'histoire concentre davantage l'attention sur la suite du récit que sur la réflexion des scènes présentes ou passées. Filmé avec une rigueur absolue qui classerait presque Les sept Samouraïs dans la catégorie des comédies baroques, soutenu par une direction d'acteur exceptionnelle et un score musical de Toru Takemitsu en harmonie parfaite avec les images, Seppuku est un des films les plus important du cinéma japonais.