De par son passé militant ou engagé, Martin Ritt s'attaque volontiers dans ses films à des sujets sociétaux (le racisme, la misère) et politiques (le maccarthisme (il fut blacklisté), la guerre froide, la résistance aux nazis, …)
Ce n'est donc pas surprenant de le voir mettre en scène un western dénonçant le mépris et l'absence de considération de la société américaine vis-à-vis de la population amérindienne. Curieusement, il va mettre en scène non pas un indien mais un blanc (Paul Newman) qui a choisi de vivre chez les indiens et qui s'en revendique.
Seuls les génériques de début et de fin sont illustrés par des clichés d'indiens pris en situation de vie ordinaire et libre puis à la fin par une photo de famille indienne.
L'histoire racontée par Ritt rappellerait le sujet de la "chevauchée fantastique" de Ford si le traitement n'y était totalement différent. Dans le film de Ford, un huis-clos dans une diligence de gens de classes et moralités différentes vont permettre aux gens de se découvrir et d'apprendre à se respecter. Le ton est globalement consensuel et positif. Ici, on a grosso modo la même base au départ sauf que les gens resteront sur leurs préjugés, leur cupidité ou leur lâcheté.
Ces deux films sont très différents et finalement s'opposent. Je dirais que "Hombre" est bien plus dans la tonalité du roman de Maupassant "Boule de Suif" où le mépris et la lâcheté perdureront même après le sacrifice consenti dans l'espoir d'une vaine reconnaissance.
Dans "Hombre", celui qui cristallise les haines, c'est celui qui dans les pires difficultés sera le seul à être capable de prendre le lead du groupe mais le seul aussi à accepter de se sacrifier. Comme si c'était la finalité de la société amérindienne de se sacrifier pour le bien-être de la société américaine : mais là je vais peut-être trop loin.
Paul Newman dans ce film crève l'écran. Du magnifique gros plan du début où il est à l'affut, au splendide gros plan de la fin où son visage est apaisé, il est impressionnant par son mutisme, ses réactions à l'emporte pièce sur les comportements de ses compagnons, notamment le "riche" bien sous tous rapports au début du film qu'on découvre en fuite avec le fric de la réserve indienne.
Les seconds rôles sont bien mis en valeur notamment
Richard Boone en brigand violent et sans aucune morale
Diane Cilento est remarquable dans le rôle, intéressant, de Jessie, la gérante de l'hôtel virée par Paul Newman, héritier et vendeur de l'hôtel, très philosophe avec la vie mais qui est la seule finalement à dégager de l'empathie pour les autres.
Pour finir, le film est superbement réalisé dans d'impressionnants paysages, ce qui ne gâte rien.