Quel film ! Je ne sais pas par où commercer pour écrire cette critique. Dois-je parler d’abord des destins croisés de personnages que le réalisateur suit au long de trois heures ? Dois-je parler du message de la violence qui est consubstantiel de la création des états unis et la conquête de l’ouest ? Dois-je m’en tenir à celui de la colonisation des espaces vierges et de leurs peuples autochtones ? Pour être honnête, je ne sais plus, car tout cela est présent dans ce long film rempli de références et parfaitement documenté. Parlons des destins croisés : on retrouve ici une trame à la Robert Altman dans shortcuts. Un chassé-croisé mené avec intelligence par le réalisateur. S’il faut parler de la violence, elle est là entre tous les protagonistes. Entre colons tout d’abord puisque la majorité de ceux qui furent jetés sur les routes sauvages de l’ouest n’était pas précisément constituée d’intellectuels policés, mais des gens simples et même frustes pour lesquels la violence remplace les mots qu’ils n’avaient pas. La violence aussi des autochtones qui ne sont pas de pacifiques sauvages, mais des peuples guerriers et querelleurs qui n’ont pas encore totalement compris que le combat face aux colons était inégal et qu’ils sont voués à disparaitre face au flux croissant des colons non sans avoir eux aussi perpétré moult massacres. Les contrepoints sont parfaitement maitrisés chez les colons comme chez les autochtones. Parlons des personnages : ils sont bien campés, parfois presque caricaturaux, mais sans tomber dans le grotesque. À ce titre, le vieil apache et le couple d’intellectuels montrent qu’un autre monde existe, mais qu’il ne pèse rien au regard de la volonté farouche de ces envahisseurs désespérés d’avancer vers l’horizon. Kevin Costner a filmé avec ampleur et maitrise pour donner une perception de l’immensité des paysages, de la rudesse de la nature et de celle des hommes y compris dans leurs instincts les plus bas. Il manque peut-être une trame de scénario un peu plus solide pour garder le spectateur attentif tout au long des trois heures, mais cela pèse peu finalement. Les trois minutes de « teasing » à la fin qui annoncent la suite sont à mes yeux superflues. Ce petit côté Hollywood gâche le plaisir d’attendre la suite.