Hors-norme, gigantesque, hallucinant... Les qualificatifs ne manquent pas pour décrire ce standard de Fellini que certains continuent pourtant à mépriser. Au-delà de l'éblouissante technique déployée par le maestro, c'est l'univers qu'il construit autour de ce réalisateur, joué de façon étonnante par l'immense Marcello Mastroianni, bien entouré par des actrices aussi magnifiques qu'Anouk Aimée et Claudia Cardinale. A la fois d'une élégance rare et d'une sensualité toute Fellinienne, le tout plongé dans un monde de rêve et de fantasme qui laisse sans voix, « 8 1/2 » est de ces oeuvres difficile à évoquer avec les mots tant tout est dans le ressenti, dans l'émotion que quasiment toutes les scènes dégagent, capable de passer du plus grand sérieux à quelque chose de lunaire, d'extravagant (le fameux plateau de tournage d'un film de science-fiction, peut-être le plus beau moment du film) ou de carrément jouissif (le fameux harem, réveillant de la plus directe des manières nos sens et nos fantasmes, sans jamais tomber dans le vulgaire ou le graveleux). Mais ces quelques pistes ne sont au fond qu'un extrême concentré de cette véritable source des miracles qu'est ce film unique et majestueux.