Délaissant le fantastique et les films de monstres, la Hammer produit un agréable thriller psychologique teinté d'épouvante, à l'efficacité incontestable.
"Taste of Fear" est un film modeste, tant par sa durée brève (à peine 1H20), son décor réduit (une villa sur la Côte d'Azur) et son nombre de personnages restreint. Ce dernier point deviendra d'ailleurs un problème lorsque le scénario (signé du réputé Jimmy Sangster) tentera de surprendre, car le spectateur contemporain, habitué des procédés retors du cinéma moderne, aura tôt fait d'anticiper les grandes lignes de la machination qui se trame.
On se laisse néanmoins prendre au jeu en raison de l'humilité du réalisateur britannique Seth Holt, qui évite de tergiverser inutilement et va au contraire droit au but (ainsi, l'héroïne comprend que quelque chose cloche dès les premières séquences), et surtout en raison de la qualité de l'atmosphère mise en place.
Les quelques scènes de terreur qui jalonnent le récit sont en effet d'une efficacité rare, avec la mise en place de situations tangibles et réellement traumatisantes, bien plus effrayantes que toutes les entités démoniaques et autres monstres ou fantômes habituels.
Le principal reproche concerne le déséquilibre de la construction narrative : la première moitié du récit installe tranquillement les éléments du drame à venir, tandis que la seconde partie multiplie les rebondissements de manière presque frénétique, sans laisser le temps au spectateur de savourer chaque twist et d'en assimiler les conséquences. Un problème de rythme qui aurait pu être corrigé facilement par un petit quart d'heure supplémentaire de film.
En l'état, on passe un bon moment devant ce film ludique et angoissant, en compagnie de la mignonne Susan Strasberg dans le rôle de l'héroïne infirme, de l'expérimentée Ann Todd en belle-mère un peu trop prévenante, ainsi que des inquiétants Christopher Lee et Ronald Lewis.