Ça c'est le genre d'expérience de visionnage que l'on s'inflige pour des raisons qui me sont encore obscures. Personnellement, il m'arrive assez souvent (ne demandez pas c'est mon dada tout simplement) de traîner sur le net à la recherche d'un beau spécimen du cinéma d'horreur et repartir bredouille tant les énièmes slashers me blasent par leur stupidité et les étrons d'esprits de petites filles me refileraient presque la conjonctivite. Je tourne alors en rond dans mon salon, les yeux plissés à scruter chaque détail de mon affiche géante d'Apocalypse Now. En général, il me vient une idée, pas toujours lumineuse mais au moins il se passe quelque chose. Je lis au mur ''Palme d'or CAnnes 79'' et mon esprit ne fait qu'un tour, disséminant dans le haut de mon échine un tout petit frisson : "Ça" ! "Allez on va se le mater depuis le temps que je me le trimbale sur le disque dur celui-là" me dis-je. Mais alors que le fichier se lance presque par magie, je me rappelle un détail d'une importance insignifiante : ma peur panique de ces saloperies de clowns ! Il est alors trop tard pour faire machine arrière, la curiosité ou plutôt l'envie de faire une pause (de trois heures tout de même) dans mes révisions l'emporte sur mon inquiétude à l'idée de croiser l'un des amuseurs du démon à la calvitie proéminente. Déjà qu'étant gosse mes parents avaient du mal à m'emmener chez McDo tellement l'ami Ronald me fichait des aigreurs, alors maintenant Ça ? Sincèrement, regardez moi cette affiche et ne me dites pas que cela vous tente ? Pas vraiment en effet, et bien vous auriez rudement tort bande de chenapans ! Et oui !
Bien que diffusé sous la forme d'une mini-série en 90, Ça est l'adaptation du livre éponyme de Stephen King. Ne l'ayant pas lu, impossible de faire une comparaison alors on va se contenter de ce que l'on a, bordel ! Vous n'avez jamais eu d'orange pour noël ? Et bah moi non plus... Bref, si je donne déjà dans les digressions on ne va pas aller loin, c'est pourquoi nous allons derechef nous pencher sur le synopsis du présent film. L'histoire aurait pu ressembler à un biopic sur Zavatta vu par nos colocataires terrestres japonais mais hélas ce chez d'oeuvre ne verra jamais le jour. A la place notre intrigue est sombre, beaucoup plus sombre...
Dans la charmante petite ville de Derry dans le Maine, d'étranges phénomènes semblent se répéter tous les trente ans sans que quiconque ne sache véritablement pourquoi. Si d'effroyables affaires hantent le passé, en 1960 c'est plusieurs enfants qui disparaissent mystérieusement sans laisser de trace. Entre visions cauchemardesques et apparitions du fameux clown mystique, toute une bande de gamins va pouvoir se constituer autour d'une même peur viscérale, menant au passage le spectateur vers l'inévitable... La trame se déroulant successivement en 1960 et 1990, autour des mêmes protagonistes, nous suivons dans l'angoisse leurs aventures, seulement, si nous apprenons au fur et à mesure du téléfilm les origines du monstre, la première partie ne ressemblera guère plus qu'à une gigantesque introduction des personnalités de chacun. L'essentiel se déroulera trente ans plus tard alors que notre bande s'est depuis longtemps perdue de vue. L'un des personnages, l'unique a être resté en ville, fait en effet une découverte des plus inquiétante : sur les lieux d'un potentiel crime où un enfant a disparu, la photo d'une ancienne victime jonche le sol, ravivant un souvenir douloureux. Il est grand temps de réunir les vieux amis afin de mettre fin aux agissements de l'insaisissable clown quitte à se replonger dans la peur et la folie...
Comment aborder convenablement le cas de mon ami clown sans évoquer l'acteur derrière le maquillage, la gueule derrière l'horreur; j'ai nommé le légendaire Tim Curry. N'étant pas certain que son petit nom parle à tous, voici qui devrait rafraîchir la mémoire de plus d'un larron amateur de cuir et de jarretelles... Dans la présente oeuvre l'acteur se veut plus transformiste que jamais, jouant à merveille son rôle d'être malsain, lui qui se nourrie des peurs les plus profondes de son monde, lui que l'on n'oublie plus une fois entré dans votre crâne.
Ça se déguste comme un bon vin que l'on fait tourner lentement dans son verre. Trois heures c'est long, assurément, un peu trop peut être. Même si l'ensemble s’apprécie plutôt bien, on se fait tout de même rapidement la réflexion que le téléfilm peine à se renouveler. Si l'histoire de cette bande d'enfant les conduit à rencontrer et affronter le monstre, sa seconde partie, alors que le temps a coulé sous les ponts, ne fait que, hélas, répéter son schéma exact, distillant néanmoins deux trois bonnes idées et mises en scène hallucinatoires. De plus si l'intérêt de l'oeuvre réside en la personnalité et les fringantes répliques de Grippe-sous le clown, il en éclipserait presque le reste, faisant des protagonistes adultes des être bien plats, malheureusement. Ajoutez à cela quelques petits effets spéciaux très mauvais (je pense notamment à la véritable forme du clown dont la qualité graphique n'a rien à envier à un Godzilla, et pas celui de 2014...) et vous obtiendrez un film, certes efficace, mais pas excellent.