Titré en France Il Était Une Fois... La Révolution, le septième et avant-dernier film de Sergio Leone est celui qui m'avait le moins plu lors de l'exploration de sa filmographie durant mon adolescence. Avec un regard plus adulte, la claque est immense face à cette improbable histoire d'amitié au sein d'une violente atmosphère idéologiquement libertaire.
Pour la petite histoire, Leone ne voulait pas réaliser un autre western après Il Était Une Dans L'Ouest. Sa principale obsession était d'adapter le roman The Hoods d'Harry Grey qui deviendra, 13 ans plus tard, le fameux Il Était Une Fois En Amérique.
Pour l'heure, Leone détient un contrat avec United Artists et souhaite s'essayer à la production avec un sujet bien précis en tête : l'amitié de deux hommes dans un climat révolutionnaire. Pour la mise en scène, les studios américains lui présentent alors Peter Bogdanovich ont l'attitude mégalomane déplait à Leone. Ce dernier préfère travailler avec Sam Peckinpah avec qui il entretient des relations cordiales. À sa grande surprise, United Artists ne valide pas le choix du cinéaste, à l'instar du casting initialement prévu et constitué de Jason Robards et de Malcom McDowell dans les rôles principaux. Le studio préfère une valeur plus sûre comme Rod Steiger qui vient d'obtenir l'Oscar du meilleur acteur pour Dans La Chaleur De La Nuit. Leone propose alors James Coburn pour donner la réplique à Steiger, United Artists valide enfin le casting, mais les deux acteurs acceptent à la seule condition que ce soit Leone lui-même qui dirige le film. Ce que le cinéaste finit par concéder, contraint et forcé selon ses dires...
Entièrement réécrit au jour le jour durant le tournage, le scénario d'Il Était Une Fois... La Révolution évoque finalement l'ensemble des guerres et des révolutions de par le monde en symbolisant ces dernières par le conflit interne mexicain au temps de Pancho Villa. Avec ma vision plus mûre, il me fut évident de constater que Leone s'inspire tout autant ici de la fuite de Louis XVI durant la Révolution française que des immondes massacres à Dachau, ou encore du terrible conflit nord-irlandais qui sévissait à l'époque du tournage. Le long-métrage reste une allégorie fascinante où l'armée mexicaine se voit par ailleurs dépeinte à l'image des fascistes allemands et italiens durant la Seconde Guerre mondiale.
Également doté d'un humour subtilement ironique dans ses dialogues, Il Était Une Fois... La Révolution reste certainement le film le plus "adulte" de Leone, mais aussi le plus effroyablement pessimiste. En somme, son œuvre la plus personnelle sans qu'elle ne soit pour autant sa préférée. Quoi qu'il en soit, un très grand film à mes yeux.