Vigevano, c'est ze ville italienne : elle pourrait être fictive tant son âme est facilement résumable. Sa démographie stable, son histoire industrielle et sa taille pas trop modeste en font le décor de cinéma parfait pour qui la connaît… ou non.
On y retrouve le Petri kafkaïsant de L'Assassin, ici porté sur les notions conjugales. En ne creusant jamais le sujet de ses chapitres à fond, il arrive à donner à son œuvre des tonalités diverses alliant absurde et tragédie qui font presque oublier que, malgré les apparences, il se passe toujours quelque chose. Cette discrétion lui permet d'inverser le cours du temps et des mœurs. Elle femme ouvrière, lui homme au foyer : ils forment ensemble un couple qu'on hésite à qualifier de novateur ou de rétrograde, car ils se comportent comme tous les autres pour des raisons totalement inverses à celles des autres.
Entre l'audace artistique et la solution de facilité, Petri remue la société sans donner de véritable coup de pied dans la fourmilière : voilà la façon la plus énergique de faire un film de divertissement engagé.
→ Quantième Art