Quand Laurent barre, le naufrage n'est pas loin
J'évacue rapidement la "question Laurent".
Elle et son acolyte noir (qui n'a bien évidemment été choisi que parce qu'il jouait plus mal qu'elle, afin que ça ne se voie pas "trop"... Imaginez si les gens se rendaient compte que Mélanie Laurent est moins bonne actrice qu'un second rôle lambda... Ils auraient du mal à comprendre comment elle se retrouve dans des grosses productions américaines, un peu comme on se pose la question nous, quoi) ne sont probablement là que pour prouver la supériorité des acteurs américains sur le reste de la planète, et en premier lieu la France.
Si c'est bien là l'objectif, c'est une totale réussite.
Bien.
Inglourious Basterds partait déjà avec un confort non-négligeable : je venais de voir Reservoir Dogs.
Dès les premiers plans, le doute m'habite, et ma voisine également.
Est-on bien en train de regarder ce qu'on pense être en train de regarder ?
Un Tarantino presque sobre, une bande-son bien cool mais dans un style résolument différent, des plans à la lumière soignée et, bordel, des personnages français QUI PARLENT VRAIMENT FRANÇAIS !
Ce sera d'ailleurs le cas à plusieurs reprises durant le film, et de façon prolongée.
J'applaudis l'effort, étant donné la réticence du spectateur moyen (et notez que je ne souligne pas le spectateur américain moyen, mais bien d'une manière générale) à lire des sous-titres.
Je passe rapidement également sur la violence et le sang.
C'est Tarantino, on sait pourquoi on a signé.
De plus le propos s'y prête et, de façon notable, je pense qu'on peut sans peine y trouver un intérêt supplémentaire : rendre la petite "troupe" de Brad Pitt un peu plus nuancée (dans le sens, personne n'est tout blanc) que si ils avaient fait preuve de davantage d'humanité envers les nazis.
Bref, c'est à mon sens doublement justifiable, même si à titre personnel je ne prends aucun plaisir à ce genre de scènes.
Passé tout cela, c'est du bonheur à tous les étages.
Le ton délicieusement provocateur, les libertés prises avec l'histoire, jusqu'aux petits clins d'oeil totalement décalés avec Goebbels qui pleure, des scènes qui en revanche sonnent très vraies (celle du début dans la cabane du paysan français).
On soupçonne un réel travail historique, même si souvent le choix du contrepied est fait je suis prêt à accorder à Tarantino le fait qu'il ait probablement bien bossé son sujet.
Cette brochette d'acteurs franchement...
Christophe Waltz qui vous colle des frissons à chaque fois qu'il apparaît, qui vampirise l'attention, Brad Pitt faisant preuve d'une dextérité avec son accent à couper au couteau et, en marge, assure un acting tout ce qu'il y a de mesuré et ne volant la vedette à personne, Diane Kruger qui illumine à chaque apparition, comme un contrepoint cynique à cette Mélanie Laurent pathétique, tant physiquement que dans son jeu d'actrice (zut j'avais dit que je n'en parlais plus, allez cette fois c'est tout, promis).
Les dialogues sont plutôt bien ciselés et nullement envahissants.
Rien à voir avec un Reservoir Dogs ou un Pulp Fiction selon moi. Très rafraîchissant.
Ce film me réconcilie, au moins temporairement, avec Tarantino.
Il me reste à rattraper les Kill Bill et je pourrai ensuite aborder sereinement ses nouveaux films, en ayant une espèce de neutralité à lui offrir, puisqu'il est capable du meilleur comme du pire.