Un spectacle d'arts martiaux de bonne facture à défaut de plus... à l'image de l'ensemble de la saga

Dernier épisode de la saga des Ip Man, débutée en 2008, ce dernier volet voit se reformer le trio habituel, Wilson Yip (réalisateur)/Raymond Wong (producteur)/Donnie Yen (acteur). Côté action, Sammo Hung et Tony Leung Siu Hung sont définitivement oubliés et c’est à nouveau Yuen Woo Ping (ou pour être plus précis, le Yuen clan, étant donné que Sunny Yuen et Yuen Cheung Yan sont aussi impliqués), responsable des chorégraphies du 3e volet, qui s’y colle. Après un premier volet qui revenait aux clichés anti-japonais des années 70, un second qui décalquait Rocky IV et jouait la carte des étrangers racistes, un troisième miraculeux qui parvenait enfin à développer humainement le personnage, que vaut cet ultime épisode ?


Rien ne va plus pour Yip Man. Non seulement il a du mal à communiquer avec son fils mais il apprend également qu’il est atteint d’un cancer. Profitant de l’invitation de son disciple Bruce Lee à aller le voir participer à un tournoi de Karaté, le grand maître essaye d’obtenir l’admission de son fils dans une école prestigieuse de San Francisco. Pour cela, il doit obtenir une lettre de recommandation de l’association gérant Chinatown. Or, le grand maître à sa tête en veut à Yip Man d’avoir laissé son disciple enseigner aux occidentaux.


Big Trouble in Little China


Pour les amateurs d’action et de spectacle, Ip Man 4 ne devrait pas les décevoir. L’argent est à l’écran, que ce soit à travers la reconstitution du San Francisco de la fin des années 60 (un poil artificielle bien sûr mais un artificiel très cinématographique) et la présence d’acteurs charismatiques au casting (Donnie Yen et Scott Adkins en tête). Comme on pouvait l’attendre, Yuen Woo Ping et ses frères assurent le spectacle pour les combats. Rien de révolutionnaire pour l’amateur de films d’arts martiaux de la grande époque mais le minimum syndical est bien présent. Le duel Yen/Adkins envoie mais les autres séquences (Bruce Lee contre un gang de karatékas américains ou Chris Collins qui affronte un groupe de maîtres de Kung Fu) sont également d’un bon niveau. Yuen prouve ainsi que, si comme la plupart de ses collègues de la même période, le meilleur de ce qu’il avait à offrir est derrière lui, il n’en demeure pas moins le plus solide et constant des chorégraphes Hong Kongais de sa génération. Le fait que Kenji Kawaii, toujours à la musique, soit plus inspiré qu’à l’accoutumé dans ses thèmes par rapport au reste de la saga aide également à donner un côté plus épique à l’ensemble des affrontements.


Gweilos racistes et en surjeu Vs Chinois stoïques et vertueux


Pour autant, il ne faut guère attendre plus que cela du film. Passons outre le fait que le scénario soit bien loin de la réalité des personnages dont il s’inspire, après tout, c’était déjà le cas dans les épisodes précédents. Mais, surtout, le film sent thématiquement le réchauffé. S’il adopte une structure similaire à celle du 3 (une intrigue émotionnelle connectée très vaguement à une intrigue action), les sujets développés se rapprochent davantage du second. On retrouve ce côté caricatural des méchants occidentaux avec l’appel à la fierté chinoise qui va de pair. Il y a d’ailleurs parfois un côté schizophrène dans le message que veut faire passer le film. Les occidentaux y sont effectivement montrés comme intolérants et dangereux justifiant les positions très nationalistes des personnages chinois tandis que Yip Man promeut lui une position plus modérée, appelant au dialogue entre les cultures… pour finalement finir par aller casser la gueule aux gweilos. C’est probablement là le fruit des différences entre l’opinion de son réalisateur et les conventions imposées par le marché Chinois. On peut regretter que le film utilise de telles grosses ficelles narratives car il y avait dans l’exploration de la situation des immigrés chinois aux Etats-Unis dans les années 60 de nombreuses pistes de réflexions intéressantes que le film ne fait qu’effleurer. De même l’opposition de styles Karaté/Kung Fu doit s’effacer par rapport aux questions raciales alors qu’il y avait, là encore, de nombreuses choses à dire sur les dynamiques d’échanges martiaux entre cultures différentes.
Enfin, on peut regretter que le cœur émotionnel du film, la relation entre Ip Man et son fils, soit moins touchante que celle entre lui et sa femme dans le 3e film, faute d’un développement suffisant du sujet. A noter toutefois que la toute fin parvient à réveiller quelques émotions et s’avère une jolie conclusion à cette saga très inégale mais qui a le mérite de maintenir les films d’arts martiaux Hong Kongais en haut de l’affiche.

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le 20 déc. 2019

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Palplathune

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