Dans les bois une maison. Dans cette maison une famille. Cette famille se protège d'un mal extérieur, d'une épidémie, mais bien au-delà, de la nature humaine. Un jour, un individu pénètre dans cette maison et va réussir à négocier l'hébergement de sa famille. Mais depuis leur arrivée, les tensions vont naître et le mal va prendre forme d'une manière assez inattendue.
Minimaliste dans sa forme, dans son scénario, ses décors et sa musique, "It comes at Night" est un huit-clos fantastique (l'adjectif mélioratif) qui sait comment jouer avec les nerfs du spectateur. Toute la promo (bien que discrète, mis à part une affiche simple mais terriblement efficace) semble le vendre comme un film d'horreur. Mais surprise ! Nous voilà dans le thriller psychologique, qui nous conduit à réfléchir sur notre condition en tant que survivant dans un monde post-apocalyptique. Les clés ne sont pas forcément données, nous pénétrons dans le récit in media res et les personnages restent mystérieux tout le long des 1H37 du film. Probablement agaçant pour certains, mais assurément saisissant pour d'autre ! Car le film de Trey Edward Shults (réalisateur et scénariste) n'est qu'une succession de fausses pistes, qui procure une attente insoutenable et qui donne ses lettres de noblesses au suspens.
Côté casting, exception faite de Joel Edgerton, un vent de fraîcheur avec des acteur(rices) presque inconnus au bataillon, avec entre autre Christopher Abott ou Riley Keough (révélée dans "Mad Max : Fury Road" et plus récemment dans "American Honey"). Ce choix permet ainsi de s'identifier plus aux personnages et de se projeter dans l'horreur de la survie, enfermé entre quatre mur, au beau milieu d'une forêt dense dont le mal est si proche. D'ailleurs quel forme possède ce mal ? Est-ce une chose ? Est-ce une personne ? Et vous vous poserez la question jusqu'au climax final complètement furieux !
Après "It Follows", "The VVitch", "Get Out", on peut enfin respirer et se dire que oui, l'avenir du cinéma d'horreur/thriller peut jouer la carte de l'esthétique, de l'auteur, du bijoux visuel, sans forcément se réduire à de l'hémoglobine et du simple défouloir. "It Comes at Night" se contente de vous faire peur juste par ce que vous voyez, ou ce que vous croyez voir.