Nanar aujourd'hui, c'est un peu un compliment, non? Je dois vraiment être un mécréant pour oser m'attaquer à ce fleuron d'Hollywood? J'ai surtout un regard critique qui considère qu'un film, quelle que soit son époque, doit être pourvu d'une aura à la mesure de la qualité du support dont il est issu.
Moi aussi, jeune je me suis endormi en rêvant d'Ivanhoé, sans jamais me semble-t-il avoir vu ce film. Comme beaucoup, ce sont les aventures en bande dessinés et la série TV avec Roger Moore qui m'ont modélisé son profil de héros pur et buté. Si par la suite j'ai vu le film, je crois bien n'en avoir gardé que le regard pénétrant de Rebecca, le visage caché par son voile.
Je me demande si les studios de la Côte Ouest ont jamais vraiment été à la hauteur pour adapter les romans historiques? La mise en scène figée, les combats à la limite du grotesque et les dialogues digne d'une série guindée en sont peut-être la cause. A cela, il faut ajouter ici des accessoires et décorations parfois indignes d'une telle production. On a bien plus d'entrain devant une frêle reconstitution en pièce de théâtre ou même face à "Sacré Graal".
Bon avouons-le, Richard Thorpe n'a jamais brillé comme réalisateur. On peut au moins affirmer qu'il a su choyer sa vedette (pas des moindres); Chaque plan dans lequel Miss Taylor apparaît est un rayon de soleil transperçant la pénombre. Elle n'est pas seule responsable, quoique sa prestation dans ce rôle peu fourni ne craint pas la critique. On reconnaît là le soin, déraisonné parfois, apporté à son travail d'actrice (emmenant souvent avec elle de force toute l'équipe). Ivanhoé peut faire ce qu'il veut, il ne lui volera pas la vedette!
Pour retrouver mon Ivanhoé et chantonner à tue tête son générique, je vais me hâter de regarder à nouveau la série, elle aussi datée mais ce n'est jamais là le principal. Robin des bois a su davantage inspirer les réalisateurs, mais son compatriote n'a pas dit son dernier mot, espérons-le.
PS: les "intellectuels" aiment à dénigrer et mépriser au plus haut degré des œuvres comme celles de la franchise Star Wars (au point souvent de les écarter de leur regard). Mais je pense en observant parfois la notoriété de Classiques, qu'ils sont bien faibles face au charme d'une franchise ou d'un acteur/actrice légendaire. L'amour que je partage pour une œuvre ou un être, est dans mon cas proportionnel à l'esprit critique dont je fais preuve.