Le parallèle est osé mais il y a un rapprochement possible entre Marie-Antoinette (le film de Coppola) et Jackie : les deux bénéficient d'un contexte connu, voire archi connu, qui permet dès lors d'adopter une forme et une structure qui, débarrassées d'une contrainte informative, peuvent être plus originales, plus personnelles. Ici, Pablo Larrain choisit d'éclater son récit en suivant le vagabondage des pensées de son héroïne au gré d'un entretien avec un journaliste. Comme Marie-Antoinette, Jackie s'attache donc à prendre une femme comme point de vue exclusif, ce qui restreint le champ de l'histoire (l'assassinat de JFK et les quelques jours suivant) mais permet de s'attacher à l'essentiel. Jackie est donc un film intimiste entièrement tourné sur son héroïne dont nous explorons chaque changement d'humeur, chaque émotion, entre rôle de 1st lady (en représentation) et femme meurtrie (sa vérité profonde). Jackie révèle la femme derrière la fonction et le poids de l'Histoire et dans une réflexion chrétienne, en fait une vrai martyr moderne avec le sang de son mari comme stigmates. Et le film s'apparente dès lors à une lente procession funèbre au son du magnifique thème musical de Mica Levi. L'interprétation de Nathalie Portman, sur toute sa palette, force le respect et la photo, proche d'une esthétique super 8, permet aisément de passer de la fiction aux images d'archives.