Ce qui est sûr, c'est que l'on ne pourra pas reprocher à Pablo Larrain de ne pas avoir fait preuve d'audace concernant ce biopic ! Se focaliser uniquement sur les jours ayant suivi l'attentat de JFK et sur les réactions ultra-contrôlées de Jackie Kennedy après la tragédie : nous voilà loin du conformisme habituel propre au genre. Alors c'est vrai : cela a quelques inconvénients. Le rythme est un peu lent, et ce choix occulte forcément pas mal d'éléments concernant la vie de l'ex-Première dame qu'il eut sans doute été intéressant d'observer. Mais bon, cela donne aussi une vision incroyablement intimiste des « coulisses » de la Maison-Blanche, le choix du « minimalisme » n'empêchant pas une exploitation subtile de cette dernière ou encore un réel travail sur les costumes, les couleurs...
Là n'est toutefois pas l'essentiel tant ce qu'on retiendra est cette véritable bataille du contrôle et de l'image dont fait preuve l'héroïne à chaque instant pour rester dans son rôle, sans jamais que l'on sache réellement ce qu'elle pense au plus profond d'elle-même, presque constamment impassible, même en privé, aussi bien face à un journaliste habile que son confesseur (John Hurt dans un de ses derniers rôles).
Tout en dressant en parallèle une peinture intéressante du profond tourment dans lequel était plongé chaque membre Kennedy, à l'image de la complexe relation qui unissait Jackie et Robert ou bien les différentes manœuvres inévitables après l'assassinat du président démocrate. Enfin, même entouré d'un beau casting, Natalie Portman est logiquement au centre de toutes les attentions, son dicté, sa démarche, sa présence à la fois si forte et si fragile faisant de sa prestation l'une des plus belles de sa carrière : elle aurait sans doute mérité l'Oscar. Ça n'est pas un film plaisant ni enthousiasmant, mais c'est un film intelligent, intéressant et au parti pris presque « radical » : bref, c'est un film qui suscite le débat, l'échange, ce qui est toujours une vraie force.