L'adaptation de classiques de la littérature anglaise n'est pas ce qui me fascine le plus, j'en suis conscient. Reste qu'il serait plus que malhonnête de ne pas reconnaître les qualités réelles de ce « Jane Eyre » 2012, plus précisément 2011, sa sortie américaine remontant maintenant à un an et demi. Visuellement séduisant, notamment grâce à une photographie touchant parfois au sublime, le film parvient à être d'une belle densité dramatique, offrant des personnages complexes et forts, mais également des situations sensibles, où la caricature n'existe pas et où chacun a une raison valable pour justifier ses actes. Nous ne sommes jamais loin de l'académisme ronflant, et pourtant ça passe, Cary Joji Fukunaga (auteur de l'étonnant « Sin Nombre ») parvenant à rendre suffisamment crédible et touchante cette complexe histoire d'amour, le tout dans une ambiance particulièrement soignée. L'œuvre doit sans doute également beaucoup à Mia Wasikowska, dont le physique singulier et l'étrange présence apportent beaucoup d'élégance et de charme à cette émouvante héroïne romanesque, joliment entouré par Michael Fassbender, Jamie Bell et Judi Dench. Je n'en suis sorti ni des étoiles plein les yeux ni bouleversé, mais conscient d'avoir un beau film sur la passion, le malheur et la solitude : ce ne fût pas suffisamment courant cette année pour que je fasse la fine bouche...