Le film parle d’un sujet peu connu, la justice restaurative ou réparatrice, qui consiste à faire rencontrer et dialoguer des victimes et des détenus (5 fois en quelques mois). Ici, il s’agit de Nawelle (Leïla BEKHTI), Grégoire (Gilles LELLOUCHE) et Sabine (Miou-Miou) qui rencontrent Nassim (Dali BENSSALAH), Thomas (Fred TESTOT) et Issa (Birane BA, pensionnaire de la Comédie Française). Les premiers ont été victimes, respectivement, d’un braquage dans un supermarché, de home-jacking et de vol à l’arraché tandis que les seconds sont emprisonnés pour home-jacking , trafics de drogues (19 ans de prison en tout à 44 ans) et braquage. Les rencontres se font en prison, en toute confidentialité et sont encadrées par des professionnels [Judith (Elodie BOUCHEZ) et Fanny (Suliane BRAHIM)] et des bénévoles [dont Michel (Jean-Pierre DARROUSSIN)]. En parallèle, on assiste au travail de Judith pour faire rencontrer Chloé (Adèle EXARCHOPOULOS) et son frère qui l’a violée durant toute son enfance et a fait 3 ans de prison. Le film réussit le tour de force de filmer principalement des scènes intérieures et de dialogues, sans flash-backs, sans théâtralité, reposant sur l’excellente interprétation des acteurs qui font passer l’émotion, la douleur, la colère et les peurs des victimes (« Avant, c’était mieux » pour Grégoire), avec des dialogues d’une grande justesse et vérité, évitant tout pathos et complaisance vis-à-vis des agresseurs ainsi que tout angélisme. Le gros travail de préparation et de documentation en amont permet d’obtenir un film émouvant, empreint d’humanité mais lucide (« la justice restaurative est un sport de combat » selon un des encadrants).