J'avais adoré le premier opus, et il me tardait de voir cette suite. Je restais tout de même réticent, déjà parce que le premier se suffisait peut-être à lui-même, et que le côté comédie musicale me fait un peu peur (le film Emilia Pérez, pourtant ovationné de ce côté-là plus tôt cette année, m'avait laissé un peu dubitatif).

Et pourtant ici, j'ai adoré. On retrouve notre Arthur Fleck pour qui j'ai tout de suite beaucoup d'empathie, toujours joué par Joaquin Phoenix que j'adore toujours autant. On peut souligner aussi l'ambiance que j'ai vraiment trouvé très immersive et sombre, avec quelques plans séquences assez impressionnant.

Les passages chantés ne m'ont étonnamment pas gêné globalement, je trouve qu'ils s'intègrent plutôt bien au film, et qu'ils ne l'envahissent pas, mais j'avoue ne pas avoir été spécialement ébloui par la plupart d'entre eux. Je suis tout de même un peu plus dubitatif sur le personnage joué par Lady Gaga, qui apporte certes quelques éléments scénaristiques intéressants, mais dont le personnage lui-même ne me dégage pas spécialement d'empathie, je le trouve trop peu creusé et un peu superficiel (serait-ce fait exprès ?). Et cela peut se révéler pas mal décevant, car le film se vend comme une histoire à deux, ce qui est assez trompeur, mais qui est pourtant important dans la manière dont notre anti-héros se comportera.

Le film fait peut-être aussi un peu redite, d'où la question de l'intérêt de cette suite, mais j'ai tout de même trouvé l'exercice pertinent dans sa démarche, dans la manière de nous montrer ce personnage, désormais idolâtré, qui n'est pourtant qu'un pauvre type assez pathétique. Personnellement, j'adore ce type de personnage, et j'ai eu beaucoup de compassion à son égard. Entre la manière dont il est pressé par les gardiens "t'as pas une blague ?", ou son avocate qui lui conseillera de "juste être toi-même", quoi que cela veuille dire, ou encore son crush qui lui dira "donne-leur ce qu'ils veulent". Il est complètement abandonné au bon vouloir d'autrui, telle une coquille vide, dont il essaiera parfois de s'en libérer, sans grande réussite.

Bref, je me permets simplement d'aimer ce film, malgré l'hystérie intra ou extra-diégétique, juste grâce à ce personnage de paumé un peu malsain, qui nous est exposé avec beaucoup de sincérité. Et en vrai, je suis presque content que le film reste dessus, et continue de le mettre en avant, au détriment des autres personnages, parce que c'est lui qui m'intéressait fondamentalement, et qui m'intéresse toujours.

(Vu le 5 octobre 2024 en VOSTFR au cinéma)

Tiflorg
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le 9 oct. 2024

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