J'avais de grandes espérances, sans doute trop. Avis souvent dithyrambiques, deux films (surtout un) très appréciés du réalisateur, un beau portrait de femme libre et moderne a priori séduisant... D'ailleurs, je pense que si j'y étais allé de façon totalement neutre, j'aurais été séduit. Mais voilà : on est forcément plus exigeant avec quelqu'un que l'on sait talentueux, et nul doute que Joachim Trier l'est.
Cela se ressent régulièrement, d'ailleurs : le procédé mis en place est intelligent, il y a de très beaux moments, beaucoup de nuances, le propos n'est jamais simple ou simpliste, les personnages sont intéressants justement par leurs différences... Il est évident qu'il y a des moments-clés dans la vie, qui nous changent à jamais, faisant ce que nous devenons par la suite, que les décisions soient bonnes ou mauvaises.
D'ailleurs, j'ai trouvé la seconde partie nettement plus réussie, le récit trouvant son rythme, son identité, voire son envol, avec ce qu'il faut de poésie et d'instants suspendus (dans tous les sens du terme lors d'une plus jolies scènes du film), le « trio » Renate Reinsve - Anders Danielsen Lie - Herbert Nordrum, justement parce que pas trop parfait ou idéalisé. Non, ce qui m'a plus « gêné », c'est de ne pas forcément avoir vu quelque chose de nouveau de la part du cinéaste, surtout après le superbe « Oslo, 31 août ».
Quelques lourdeurs inhabituelles, comme s'il fallait obligatoirement s'adapter à l'ère du temps (moment un peu scato, scènes de cul certes brèves mais néanmoins dispensables, cauchemar sous drogue bizarroïde), n'apportant, pour le coup, pas énormément, voire alourdissant la qualité du regard, accumulant peut-être (légèrement) trop les rebondissements dans la dernière ligne droite, ce qui ne l'empêche pas de sonner juste.
J'aurais aussi aimé tomber VRAIMENT amoureux de Julie, que j'ai plus vu comme une pote avec laquelle j'aimerais passer un peu de temps que faire ma vie : cela peut paraître anodin, mais je pense que cela a son importance. Bien aimé, donc. Le talent de l'ami de Joachim reste intact sur certains aspects. Mais j'en attendais plus, « Julie (en 12 chapitres) » apparaissant davantage à mes yeux comme un prolongement qu'une véritable œuvre fondatrice.