Comprendre le silence

Un film qui réussit à fonctionner dans une certaine simplicité assumée, et ses plans fixes. Il y a quelque chose d'assez hypnotisant dans le choix des cadrages, parfois décalé par rapport à l'action. Il y a une très grande pudeur dans le traitement de son sujet, presque trop, il n'est pas toujours simple de comprendre concrètement la situation, mais c'est probablement ce qui fait sa force.

On peut saluer la musique aussi, composée par Caroline Shaw. Le film se veut globalement assez austère de ce point de vue là, mais on aura quelques passages musicaux, très vocaux, qui consisteront en des "ouuuh", qui sont assez puissants. Ces passages seront parfois tellement aigus, qu'ils créeront des distorsions ponctuelles dans les enceintes, mais cela donne une étonnante pertinence dans l'ambiance finale, comme s'ils étaient un reflet des défaillances de cette histoire, en apparence lisse et calme. Le film a aussi d'autres spécificités, comme ce jeu avec les bruitages, notamment les bruits sourds ponctuels lors du début de la soirée avec ses camarades de tennis.

Hasard du calendrier, il sort peu de temps après un autre film belge sur le sujet de la pédocriminalité, Le Dossier Maldoror, qui sont tous deux diamétralement opposés dans le traitement de leur sujet. Ici, pas de violence abjecte ou d'effets de style à outrance, tout le film garde une forme épurée, dans une atmosphère lancinante.

Bref, est-ce que ce parti-pris fonctionne vraiment ? Je pense que oui, c'est une histoire qui m'a beaucoup touché. La place qui est laissée au silence, à la longueur des plans, est quelque chose qui m'a presque fasciné. Un sujet dont on parle ou que l'on montre souvent avec surenchère, cela fait du bien aussi de le traiter avec un calme et une pudeur compassionnelle.

(Vu le 2 février 2025 en VOSTFR au cinéma)