Dans un beau film triste, Judith Kaufmann et Georg Maas parviennent à restituer avec sobriété et émotion l’atmosphère mélancolique et sensible des derniers mois de la vie de l’écrivain Franz Kafka, souffrant de tuberculose et épris de la jeune animatrice Dora Diamant.


Par une mise en scène empreinte de subtilité et de justesse, les deux réalisateurs arrivent à nous transmettre la ferveur du sentiment d’amour, ce nouveau « dernier été » que va vivre l’écrivain dans sa rencontre émerveillée avec Dora.


Nous sommes au cœur de leur amour naissant et vibrant, dans la pureté et l’enfance de leurs liens mais aussi dans le spleen existentiel profond inhérent à l’écriture de Kafka grâce au beau visage inquiet de l’acteur (Sabin Tambrea).


Le chatoiement de la lumière offre au film sa tonalité toute en tendresse languide et éblouissement nostalgique, sa couleur modeste et romanesque coordonnée à l’écriture de l’écrivain austro-hongrois, sa langue dépouillée, particulièrement claire et non ornée.


Kafka, le dernier été réussit à incarner la maladie de l’existence dont souffrait essentiellement Kafka et cette manière sincère qu’il avait d’écrire comme « on fendrait les flots de la nuit ». Le film rejoint la simplicité de sa langue en même temps que son obsession pour le vrai : ce qui n’était pas inventé, pas artificiel. Ce qui était vécu intérieurement par l’écrivain.


Des trouvailles de mise en scène poétiques comme ces lits du sanatorium sur la mer Baltique et cette lettre envoyée à une poupée ajoutent au climat d’émotions du film, à sa sobriété gracieuse.


Recréer une atmosphère, traduire une intériorité, surtout celle d’un écrivain est difficile au cinéma sans que cela soit artificiel. Kafka, le dernier été donne à voir de manière presque intime mais sans excès ni pesanteur les derniers souffles de Kafka, son mal-être, sa gentillesse, sa pudeur, l’authenticité de son amitié avec Max Brod ainsi que l’étouffement de la relation à son père et le merveilleux de cet amour avec Dora qui lui redonne l’élan vital avant de succomber à la tuberculose. Ce pourrait être un autre que le grand écrivain de la Colonie pénitentiaire, ce pourrait être juste quelqu’un qui a du mal à exister, n’importe qui en défaut d’existence qui rencontre l’amour et ses métamorphoses. Le film a cette qualité de ne pas insister et de nous permettre l’identification absolue.


Surtout, le film écoute comment les lettres de l’écrivain elles-mêmes vivent, se chuchotent, se métamorphosent ou se disent par-delà la mort dans une sorte de feu calme, de fièvre réconciliée.



VioletteVillard1
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