En ces temps où le conservatisme et l'édulcoration ont gagné en force au sein du cinéma américain, j'avoue avoir regardé d'un bon œil la sortie d'un film du légendaire William Friedkin. Et franchement, j'ai senti la différence ! Ce que j'aime avec ce "Killer Joe", c'est que c'est un film simple, mais qui a de la chair et de la gueule. Remarquablement filmé, très exigeant dans sa forme et dans son rythme, "Killer Joe" peut aussi se vanter d'afficher un remarquable casting, à la tête desquels Matthew McConaughey, Juno Temple et Thomas Haden Church siègent allégrèment au sommet. Il faut dire, il est tout de suite plus facile de faire ressortir le talent d'un acteur dès lors qu'on s’offre de nombreuses libertés morales. Alors certes, cette histoire de petit règlement de compte familial qui dérape peut se montrer très crue, violente, et parfois même très dérangeante, mais pour moi ce n'est en rien un problème. Au contraire. C'est même ce qui fait tout l'attrait de ce film. Moi je vais au cinéma pour qu'on me bouge, pour qu'on m'emmène dans des recoins que je ne connais pas trop. Friedkin le fait, à l'image de son précédent "Bug" il parvient à nous emmener méthodiquement au fond du gouffre. Après ça, certains diront de ce "Killer Joe" qu'il est gratuit... Personnellement je ne trouve pas du tout. Je préférerais dire de lui qu'il est « émancipé ». Une qualité bien rare en cette époque où – justement – aller voir un film au cinéma est loin d'être « gratuit ».