Beau et audacieux portrait de femme en ce début des années 70, le personnage central n'étant pas le détective du titre, mais une comédienne ratée reconvertie dans la prostitution, qui s'interroge sur ses désirs refoulés.
Grâce à cette prestation intense qui souligne sa capacité à se mettre en danger, la belle Jane Fonda obtiendra d'ailleurs l'Oscar de la meilleure actrice cette année-là.
Deuxième long-métrage seulement d'Alan Pakula, "Klute" prend la forme d'un faux polar atmosphérique, avec une menace permanente matérialisée dans le récit par un enregistreur à bande magnétique, et dans la mise en scène par une photo très sombre signée Gordon Willis, et par un travail soigné sur les cadrages et la profondeur de champ.
Justement, la mise en scène du jeune Pakula a été louée par la critique (avec des séances chez le psy face caméra, innovantes à l'époque), mais comme souvent dans ce genre de thriller paranoïaque à la sauce seventies (cf "The Conversation", "Blow Up", "The Parallax View"), l'emballage s'avère particulièrement lent, peu rythmé et parfois incompréhensible.
Autant dire que l'ennui n'est jamais très loin, malgré des thématiques passionnantes et la présence magnétique de Donald Sutherland, dont la tranquille banalité accentue encore le mystère.