L'Amour ouf
6.7
L'Amour ouf

Film de Gilles Lellouche (2024)

Le dernier film de Lellouche est d’une ambition sans pareil, derrière un schéma d’histoire d’amour assez classique rencontre, séparation, retrouvaille se dégage une réelle ambiance où se retrouve, parfois assez maladroitement, tous les genres du cinéma.


Le film alterne entre plusieurs ambiances traités différemment ce qui fait à la fois sa richesse et son défaut. Une première partie nous berce dans un style “rétro” où la cristallisation des sentiments des personnages est symbolisée de manière parfois un peu exagéré par des plans larges suresthétisés (l’embrassade dans le champ rappel beaucoup l’esthétique de The Big Fish) ou un interstice musical à la Lalaland, voulant créer un espace hors du temps le film vient plutôt casser la narration générale. On retrouve le même problème de rythme dans la suite du film avec le passage d’une scène de violence crue à des retrouvailles à la limite de l’artificiel. La seconde partie du film où les personnages sont désormais adultes prend une couleur beaucoup naturelle comme pour un passage à la dure réalité de la vie adulte. On y retrouve l’esprit violent d’un Drive et même une référence à Fight Club (arrange de Clotaire dans le hangar), malheureusement ces codes américains se retrouvent dans le scénario où l’on assiste à une mise en scène complètement délirante des quartiers et de la vie de malfrat. Oubliez la Haine, ici c’est le Bronx façon GTA ; battes de baseball et fusillades dans une guerre de gangs dont on ne comprend pas bien les motivations et les moyens. Le ridicule accentué par la présence de Raphaël Quenard et Jean Pascal Zadi , dans deux rôles d’idiots, qui entourent le héros (François Civil), rendant ce dernier pas toujours crédible.


Petite théorie ou interprétation, la première scène du film ne reflète-t-elle pas le véritable choix de Clotaire qui préfère choisir la révolte à une vie de misère, soumis comme son père, que nous montre la fin du film. Ce choix symbolisé par le regard de François Civil dans le rétroviseur comme image d’une projection dans son imaginaire.


Malgré ses quelques défauts qui démontrent aussi l’ambition du film comparable en cela au Comte de Monte Cristo. La dynamique générale est très fluide, entre scène d’actions et de tendresses, le spectateur ne voit les deux heures trente passées. Un film plein de recherche et d’originalité qui s’inscrit dans un cinéma accessible à un publique très large sans tomber ni dans la facilité, ni le snobisme d’auteur. On gardera un regret pour ce film qui aurait pu s’inscrire dans une tradition plus française qu’américaine, frôlant parfois le block Buster avec son casting un peu surfait. si les héros jeunes comme adultes sont très probants, le reste du casting, souvent des acteurs comiques, n’est pas toujours à la hauteur ou bien ne prend pas.

Henry_Labrunie
6
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le 16 nov. 2024

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