D'avoir lu récemment une excellente critique sur Jo m'a donné envie de revoir un film de Jean Girault. Ne voulant pas être influencé, "Jo" sera pour une autre fois, j'ai donc choisi "l'année sainte".
Ce film réalisé en 1976 est en fait le dernier film joué par Jean Gabin puisqu'il mourra quelques mois après la sortie du film. Et je trouve que Gabin a encore bien du ressort dans cette comédie où il joue un rôle de taulard bien installé dans sa prison avec ses petites habitudes de "petit vieux". Son compagnon de cellule (Brialy) le convainc de tenter une dernière aventure pour aller récupérer un magot enfoui quelque part à Rome. En pleine Année sainte, déguisé en évêque accompagné d'un abbé...
Evidemment, l'aventure qui semble commencer aux petits oignons rencontre de multiples déconvenues dont un détournement de l'avion qui devait l'amener à Rome.
C'est une comédie dont plusieurs scènes sont particulièrement hilarantes, en particulier à cause des dialogues qui sont souvent fort bien enlevés. Parmi les scènes très réussies, il y a, par exemple, celle des punaises au début du film avec un Gabin ronchon tout-à-fait crédible dans le rôle du papy obtus mais tenace. De même les scènes où il fait quelques petites bévues (quelques "nom de dieu" pas trop catholiques) en relation avec son "rôle" d'évêque sont tout-à-faites convaincantes.
Et puis, même si ce n'est pas un super Gabin (il a 72 ans et je ne sais combien de chefs-d'œuvre à son compteur), c'est un film très regardable où on passe un agréable moment. La preuve, s'il en fallait une, c'est que c'est un film que j'ai vu à de nombreuses occasions à la télé et j'éprouve toujours plaisir à voir ce film et en particulier, cet acteur prendre toujours très au sérieux les rôles qu'on lui confie.
Ah, un détail : c'est encore un film où Gabin se démerde pour apparaître en pyjama. La tradition orale dit même que l'exigence de Gabin allait jusqu'à ne porter que des pyjamas fabriqués en France. Y-a-t-il des films où il n'apparaît pas en pyjama. Sûrement. Je cherche.
Autre chose : il parait aussi que Gabin refusait de voyager en avion. Je suppose qu'ici les scènes d'avion sont donc toutes tournées au sol ...
Parmi les seconds rôles, Brialy en abbé est réussi car il possède assez naturellement l'onctuosité nécessaire. Il y a Virlogeux qui joue le rôle d'un divisionnaire proche de la retraite qui reprend du poil de la bête en ayant - à nouveau - affaire à la vieille truanderie dont Gabin fait partie.
Sans oublier l'indémodable Danielle Darrieux en duchesse alors que dans un passé lointain, elle a eu très bien connu Gabin dans un tout autre contexte.
C'est peut-être ça qui fait le charme de ce film, de revoir ces deux acteurs (Darrieux et Gabin) qui ont su si bien vieillir.
Ah non, merde alors, j'ai déjà donné s'écrie Monseigneur Gabin à un mendiant à la sortie d'une église.