C'est un sujet de vaudeville traité sur le mode de l'humour noir que Carlo Rim tend à singulariser plus encore par ses choix de mise en scène. Les péripéties et incidents qui obligent Fernandel à une drôlatique course poursuite sur les traces d'une armoire contenant sa tante défunte entretiennent une atmosphère plus étrange qu'ouvertement comique ou typiquement vaudevillesque.
Le réalisateur s'efforce d'atténuer les effets prévisibles d'une action saugrenue par une mise en scène sombre et inquiétante. Cette posture se fait sentir jusque dans l'interprétation de Fernandel. Celui-ci, en fonctionnaire modeste et timoré, exprime les déconvenues de son personnage, le dénommé Alfred Puc, avec une sobriété, une retenue éloignées du cabotinage qu'on lui connait dans nombre de comédies boulevardières mineures. De toute évidence, Carlo Rim s'emploie à brider le comédien autant que les possibilités comiques du sujet. Le contraire, donc, d'un film en roue libre. Ce choix est original, audacieusement à contre-courant mais un peu frustrant. Sans doute parce qu'il manque au scénario, au-delà de la sombre esthétique de la réalisation, une réelle dimension de cinéma fantastique.