Je ne vois rien de mieux, pour vous donner envie de voir ce chef-d'œuvre, que de reprendre ce que dit François Truffaut au sujet du film : « Lorsqu'il tourne peu après L'Atalante, il est évident que Vigo a tiré des leçons de Zéro de conduite et cette fois il atteint la perfection, il atteint le chef-d'œuvre. (...) Il ne place plus devant son objectif que du réel qu'il transforme en féerie et, filmant de la prose, il obtient sans effort de la poésie. (…) L'Atalante aborde en réalité un grand thème, peu souvent traité au cinéma, les débuts dans la vie d'un jeune couple, les difficultés de s'adapter l'un à l'autre, avec d'abord l'euphorie de l'accouplement, puis les premiers heurts, la révolte, la fugue, la réconciliation et finalement l'acceptation de l'un par l'autre. (…) Personne n'a filmé la peau des gens, la chair de l'homme aussi crûment que Vigo. Rien de ce qu'on a montré depuis trente ans n'a égalé, dans ce domaine précis, les étreintes de Dita Parlo et Jean Dasté lorsqu'ils vont faire l'amour ou, mieux encore, lorsqu'ils se sont quittés et qu'un montage parallèle nous les montre se retournant chacun dans leur lit, lui dans sa péniche, elle dans une chambre d'hôtel, tous deux en proie au mal d'amour, dans une scène où la prodigieuse partition de Maurice Jaubert joue un rôle de première importance, séquence charnelle et lyrique qui constitue très exactement un accouplement à distance. »