Avec Jean Girault à la réalisation, la seule chose certaine était que le film ne pourrait être bon. Reste qu'avec Molière comme support principal, il y avait l'espoir d'un divertissement de bon aloi, l'idée de voir Louis de Funès se frotter au meilleur du répertoire suscitant une réelle curiosité. Hélas... L'acteur a beau s'être visiblement beaucoup investi dans la création, difficile de voir autre chose que le vide abyssal caractéristique des titres de Girault. Quelques petites idées ou mise en abyme, qu'on a envie d'accorder à De Funès et permettant de souffler brièvement tant le reste est assommant.
Oui, Molière est certainement un génie, mais je doute vraiment que son univers, par définition conçu pour le théâtre, soit transposable intelligemment au cinéma, en tout cas pas par les personnes présentes ici. Respectant à la lettre (du moins ai-je eu l'impression!) le texte original, il n'y a pas une once d'imagination pour mettre en valeur celui-ci, l'indescriptible pauvreté technique sautant régulièrement aux yeux.
Presque uniquement du théâtre (mal) filmé, aux costumes certes soignés, où l'on sent que « l'acteur préféré des français » cherche (vaguement) à faire un peu de place aux autres tout en prenant constamment la lumière à travers son interprétation beaucoup plus « cinématographique », tout en finissant par être insupportable de mimiques et d'excès peu adaptés au contexte, confirmant ma théorie que lorsque celui-ci n'est pas dirigé, ses prestations s'en ressentent grandement.
Enfin, même si, pour le coup, l'équipe du film n'y est pour rien, cette fin sortie de nulle part est vraiment nulle (désolé, Jean-Baptiste...), si ce n'est ces toutes dernières images, mal amenées mais peut-être les seules à nous sortir de cette « camisole théâtrale » dans laquelle nous sommes enfermées près de deux heures paraissant interminables... Avare, oui, mais surtout en qualités.