Une bande d'adolescents de banlieue montent avec leur collège la pièce de théâtre de Marivaux. L'occasion pour le timide Krimo de se rapprocher de l'espiègle Lydia, et pour Abdellatif Kechiche de mettre en perspective langage littéraire et novlangue des cités HLM.
Pour ce deuxième long-métrage (après "La faute à Voltaire"), le cinéaste franco-tunisien signe une œuvre attachante et engagée, consacrée à l'adolescence et au théâtre davantage qu'à la banlieue proprement dite.
Il en profite pour révéler Sara Forestier et Sabrina Ouazani, au sein de sa troupe de jeunes acteurs non-professionnels, qui comprend aussi Osman Elkharraz dans le rôle principal masculin.
La sincérité et la pertinence de "L'esquive" permettent au film de décrocher 4 Césars, dont ceux de meilleur film et meilleur réalisateur, à la surprise générale. La mise en scène et la direction d'acteurs de Kechiche sont unanimement salués, d'autant que "L'esquive" éclaire la banlieue sous un jour nouveau, loin des clichés habituels de misère, violence et trafics divers qui collent à la peau des quartiers dits défavorisés.
L'énergie, la spontanéité et l'authenticité dégagée par les jeunes comédiens amateurs sont telles que la fiction s'apparente souvent à un documentaire, le film évoquant également (et inspirant) un projet comparable, l'adaptation du livre "Entre les murs", mise en scène par Laurent Cantet quatre ans plus tard.