Quand vient le tour du petit frère de Coraline
Avec Ame et Yuki, les enfants loups, ParaNorman fait partie des films d’animation à retenir dans l’année 2012. Petit joyau du stop motion, l’histoire de ce gamin qui voit des gens qui sont morts est jouissive et délirante tout en laissant la place à une poésie, ce qui n’est pas pour déplaire au spectateur qui aurait été déçu par un Rebelle pixarien décevant.
On se croirait chez Burton. Clairement. L’animation est superbe et l’histoire de zombies déterrés, clin d’œil évident aux séries B d’horreur américaines y sont sûrement pour quelque chose. Seuls les graphismes permettent de faire la distinction et peut-être une fraîcheur que le réalisateur avait perdu (jusqu’à son Frankenweenie). Car en plus de nous proposer une nouvelle ode à la différence, dans un monde cruel et bien trop terre à terre, le film se permet de traiter de l’horreur avec un humour charmeur. Les zombies créatures d’épouvante se retrouvent pourchassés par des adultes dans la plus pure tradition anglo-saxonne du lynchage public en bonne et due forme.
Norman, accompagné par des amis un peu bizarres dans leur genre eux aussi va devoir arranger tout ça et se faire comprendre aux yeux du monde (c'est-à-dire ici de sa ville). Dans la plus pure tradition burtonienne, les personnages sont foldingues et ont tous des traits de caractéristiques grossis à un extrême. Ce n’est pas pour déplaire et c’est bien mieux que ce qu’on peut nous proposer la plupart du temps. D’ailleurs, le film n’a pas trouvé son public en France sûrement à cause de la période estivale qui amène avec elle les blockbusters que tout le monde voit et aussi à cause d’un titre français à rallonge et peu ragoutant.
Pourtant, l’animation est juste splendide et le design intelligemment pensé pour permettre l’évasion dans ce monde de poupées. A la manière de Coraline, autre chef-d’œuvre du genre, le film pousse la technique jusqu’à son paroxysme en évitant les surenchères : c’est fluide et l’action est terriblement bien rendue. A cela s’ajoute un scénario intelligent qui permet de satisfaire petits et grands en cela qu’il ne tombe pas dans le pathos et la niaiserie et qu’il évite l’excès de gothique effrayant. Clairement un moment familial à partager, sur grand écran si possible, tant les effets peuvent être convaincants.
Loin des artifices d’un Rebelle attendu mais décevant et assez distinct d’un Burton pour se créer son propre style, ParaNorman réussit le tour de force de s’imposer comme le film d’animation de l’été 2012 sans esbroufe mais avec une légèreté qui fait du bien. On s’amuse de voir ces zombies maltraités et ces personnages farfelus. On s’attache facilement et le film reste dans les souvenirs. C’est sans nul doute qu’il faut le voir, pour un vrai moment de détente, sans tomber dans l’idiotie ou l’arrogance d’une chevelure couleur feu extrêmement travaillée.