Un film assez intense, où l'on est un peu jeté en pâture, sans trop comprendre le contexte de notre personnage. On y suit l'histoire de Souleymane, un guinéen qui fait une demande d'asile en France. Mais le film se gardera bien de nous en donner la raison, on apprendra cependant petit à petit à rencontrer ce personnage, qui pédale dans le tout Paris en essayant de faire le plus de livraisons possible. Mais il y a quelques trucs qui clochent. Comme le fait qu'il se fasse passer pour un réfugié politique alors qu'il n'y connait rien à la politique, son travail est totalement illégal et son entremetteur semble peu scrupuleux, il abandonne également des proches restés au pays. Et l'on doit essayer de s'y retrouver au milieu de ces mensonges et malversations.
Tout le film appuie l'anticipation de ce fameux entretien à l'OFPRA (Office français de protection des réfugiés et apatrides), et celui-ci sera effectivement très tendu, où l'on sentira le piège se refermer autour de lui.
Mais au-delà d'une réalisation et d'une histoire très solide, le film se pourvoit d'un excellent acteur, Abou Sangare, que vous ne connaissez sans doute pas en dehors de ce film, étant un simple sans-papier mécanicien à Amiens. Et oui, je le découvre en écrivant ces lignes, mais le film est en partie une adaptation de son propre chemin de vie, ce qui l'inscrit d'autant plus dans une certaine authenticité, déjà bluffante à l'écran. Ce qui est cocasse par ailleurs, c'est qu'il a dû apprendre 20 pages de texte pour la scène de l'entretien dans laquelle il raconte son histoire, un comble. J'aime beaucoup d'ailleurs comment le générique de fin appose son nom, pour ensuite afficher tout le reste du casting autour de lui.
Bref, un film formellement réussi, où on y ressent toute la tension qui anime ce personnage, ce qu'il doit endurer, ce qu'il a dû abandonner, tout cela joué par un Abou Sangare rempli d'énergie, avec une palette de jeu invraisemblable, qui réussit parfaitement à communiquer ses émotions.
(Vu le 12 octobre 2024 au cinéma)