Assez rare qu'un film me ramène aussi facilement à son titre. Arrivée au bout d'un moment du film je trouvais Souleymane attendrissant dans la manière dont il se donne les moyens et ça me saoulait parce qu’en parallèle il ment sur les raisons qui l’ont amenées à quitter la Guinée. Je me disais "mais puisque tu mens en fait, pourquoi t'es là, toi ?" en gros "Quelle est ton histoire Souleymane ?!" puis je me suis dit "ah mais c'est le titre du film, bien ouej" (je suis surprise facilement ou juste un peu conne).
Tout le déroulement de ces quelques jours avant son entretien qui vise ultimement à avoir des papiers est stressant au possible. J'ai versé une LARME DE STRESS lors de son entretien final. Je trouve qu’on a parfaitement ressenti l’angoisse à l’idée de vouloir bien faire mais ne pas savoir si on peut faire confiance à la personne en face en étant honnête. La femme qui jouait son interlocutrice était très bonne, autant intimidante et sèche que potentiellement empathique et bienveillante.
Sa réelle histoire à Souleymane je la trouve pas ouf-ouf mais j'ai aimé que ressorte l'honnêteté. Je reste juste avec un questionnement de savoir s'il a fait le bon choix. Je me suis demandée si j'étais une immigrée clandestine qui essayait d'avoir ses papiers et qui voyait ce film, qu'est-ce que je serais censée faire ? Tenter l'honnêteté quant à ce qui m’a amenée sur le territoire ou trouver un meilleur "parrain" qui saura me pondre une histoire plus crédible pour faire pitié et pouvoir rester ?
Et quand on voit comment il se donne à fond t’as envie qu’il reste puisqu’il est prêt à travailler et avoir sa vie tranquille. Je suis même pas partisane de l’immigration de masse, pour moi faut arrêter mais il est là, volontaire, sympathique, travailleur. T’as envie qu’on lui foute la paix.
Malgré ce qu’on sait de son histoire on se demande quand même en parallèle ce qu’il fout là : il a personne de sûr pour veiller sur sa mère au pays (ce qui était censé être le but) ; ceux restés au pays lui demandent de l’argent comme si c’était si simple ; ceux en France lui en demandent aussi pour qu’il puisse espérer avoir des miettes ; sa copine se fait courtiser par un meilleur parti au pays. Vraiment je me suis demandée si ça en valait vraiment le coup (questionnement qu’il aura naturellement aussi).
Du coup je suis mitigée sur son histoire, sur ceux qui seraient éventuellement dans ce cas-là, etc.
Pour ce qui est de tous les trafics pour avoir un vélo, pour avoir un compte de livreur, pour arriver jusqu'en France, pour avoir des papiers pour crédibiliser toute son histoire, etc. C'est tout un marché parallèle. J'ai un ancien collègue originaire du Congo de 30 ans de plus que moi qui m'en a raconté de belles aussi.
En vrai j'en pense rien, tout ça est une évolution normale des choses, mais c'est chaud de dépendre autant des autres qui sauront être individualistes d'une manière péremptoire et sans pitié quand ça les arrangera. Tout du long t'as envie de l'aider d'une manière qui n'attend pas un retour sur investissement.
En bref : beaucoup aimé l'acteur principal. Beaucoup aimé l'ambiance de course dans Paris (le genre de course effrénée que j'avais bien aimé dans À plein temps). J'ai trouvé ça ni larmoyant ni mièvre.