Conçue par un réalisateur agrégé de philo, la fin est comme une parabole qui vient nous extraire d’un film semi-documentaire (acteur amateur, équipe de tournage légère : « On n’a pas arrêté la circulation, sauf pour une scène d’accident. Si vous voulez garder la vie de Paris, il faut plonger dedans, donc être très léger) sur ce milieu urbain, masculin, africain et très magouilleur des livreurs à vélo. Plaçant la réalité et la vérité au centre de ce film, Boris Lojkine n’a pas voulu « d’un film politiquement correct, avec le bon demandeur d’asile. Comme si on n’avait pas le droit d’avoir des personnages avec un peu d’épaisseur, dès lors qu’il s’agit de migrants ». Pour les influences, un côté frères Dardenne appliqué au Paris africain, aussi dépeint dans le film Goutte d’or de Clément Cogitore. Film avec un bon rythme, une photographie qui renforce le climat poisseux de cette île de France dans un océan de béton et de goudron. Un bon film, sans scénario aseptisé et irréel, avec cet étrange sentiment que la majorité de la salle commande des repas à domicile (selon une étude que j’ai vu passer, en proportion, ce sont les lfistes qui commandent le plus), entretenant ce prolétariat ancillaire et fantôme, sans papiers, aux conditions de vie proches de l’esclavage.
Source des citations : Pour « L’Histoire de Souleymane », Boris Lojkine ne voulait pas « d’un film politiquement correct », Clarisse Fabre, Le Monde, 12 octobre 2024.