Cet habile film pourrait être une sorte de mixe tragi-comique entre Les Temps Modernes et Frankenstein. Soit les conséquences sur la société marchande d’une création qui va révolutionner le monde et nuire au système capitaliste du consommable jetable.
Portée par une mise scène énergique, et remarquablement mis en image par Alexander Mackendrick dont il s’agit du second film, cette espèce de fable ironique sur les conséquences de la création scientifique, filmée comme une satire sociale s’avère être une sorte de passage en revue des différentes strates de la société industrielle et de ses différents protagonistes. De l’industriel qui ne voit que l’objet brillant qui lui assurera une rentabilité à long terme, au vieux milliardaire physiquement grabataire assit sur son trône et qui tient à y rester, un personnage qui peut faire penser à quelques parangons d’un certain ordre de domination mondial bien établi…, au syndicaliste militant comme quidam diligentant les revendications des ouvriers pour mieux les éteindre, étrange collusion universaliste ad-vitam æternam, toutes les strates du jeu politico-social y passe. Amusant mais intemporel tout ça.
Sans quasiment jamais tomber dans l’explicatif ou le manichéisme militant, le réalisateur s’amuse de toute cette mascarade et fait apparaitre son personnage de savant un peu dingo comme une sorte d’écureuil fou obsessionnel compulsif s’accrochant à son invention sans jamais prendre conscience des conséquences de celle-ci sur le quotidien des autres mais également sur sa propre intégrité.
Parfaitement interprété par un Alec Guiness lunaire et encore jeune, le personnage du savant est le fil conducteur de cette sorte de course-poursuite folle-dingue en forme de boutade virant parfois au malaise dans un final assez dantesque.
Sous couvert de légèreté et de satyrisme d’apparence dans son déroulement, ce film dit tellement sur la société de consommation et ses éternels mécanismes.