Un an après "Les inconnus dans la maison", Henri Decoin adapte à nouveau un roman de Georges Simenon (et recommencera une dernière fois avec "La vérité sur Bébé Donge").
"L'homme de Londres" bénéficie d'une mise en scène classique mais consciencieuse, en particulier au niveau de la reconstitution en studio du port et de la gare maritime. Les décors ne manquent pas d'allure, et l'atmosphère apparaît plutôt soignée, plus proche sans doute du réalisme poétique (cf le personnage de Suzy Prim notamment) que d'une ambiance typique "à la Simenon".
Chez l'écrivain liégeois, les intrigues s'avèrent souvent simples et statiques, ce qui pénalise le film de Decoin, l'ensemble souffrant parfois d'un certain manque de rythme.
Heureusement, l'interprétation se révèle convaincante, à commencer par Fernand Ledoux, en plein dilemme existentiel. A contre-emploi, Jules Berry se montre pour une fois sobre voire effacé, sans forcément démériter, tandis que Suzy Prim tire son épingle du jeu, hélas un peu à l'écart de l'intrigue centrale.
Jean Brochard, Helena Manson et René Bergeron incarnent avec talent les principaux seconds rôles.
Au final, Henri Decoin signe un drame policier non dénué d'intérêt, un peu vieillot toutefois pour captiver totalement.
A noter que la matière du roman original intéressera bien plus tard le cinéaste hongrois Bela Tarr, qui en proposera sa version très personnelle en 2007.