Lubitsch, grand pacifiste en plus d'être un géant du cinéma !!!
"L'Homme que j'ai tué" est le seul film parlant entièrement dramatique d'Ernst Lubitsch, ce qui est une très bonne raison de s'y arrêter ; bien que le fait que le film a été réalisé par Ernst Lubitsch tout court suffit déjà amplement à le regarder...
Le film est loin d'être parfait. Philips Holmes en fait des tonnes en type pétri de remords, ce qui contraste fortement avec les interprétations sobres, subtiles, excellentes et émouvantes de Lionel Barrymore et de Nancy Carroll ; et puis ensuite le film est trop court pour pouvoir bien développer l'histoire d'amour naissante entre le personnage joué par Holmes et celui de Carroll.
Mais il est cependant absolument admirable pour son message profondément pacifiste. La séquence dans le restaurant où un notable fait preuve d'un nationalisme germanique exacerbé (montrant que le cinéaste avait malheureusement très bien saisi l'air d'un temps qui portera Hitler au pouvoir l'année suivante !!!) pour se plaindre ensuite au serveur qu'il n'y a plus de goulash, plat pas franchement allemand, est du pur Lubitsch ; la scène qui suit avec le discours anti-belliciste du personnage joué par Lionel Barrymore où il met des bourgeois, n'ayant pas retenu la leçon de la Première Guerre Mondiale et de la perte de leurs enfants, face à leur médiocrité et leur responsabilité achève d'enfoncer le clou.
"L'Homme que j'ai tué" est un film imparfait mais il est néanmoins très précieux.