Sorti quelques mois à peine après "The prestige" de Christopher Nolan, avec lequel il partage de nombreux points communs, "The illusionnist" se révèle moins sombre et moins ambitieux que son aîné.
Il s'agit en effet d'un pur divertissement manquant parfois de finesse, mais d'une efficacité indéniable, qui justifie ma note généreuse : les deux petites heures de visionnage ont en effet défilé sans ennui, ce qui m'incite à une certaine indulgence par rapports aux défauts du film de Neil Burger.
Par exemple, toute la construction narrative est orientée vers la découverte supposément bluffante du dénouement en forme de twist final, mais le spectateur aguerri aura vu la quenelle scénaristique arriver de loin.
Ce même twist est mis en scène de façon un peu cheap, dans une ultime séquence tournoyante composée de flashbacks explicatifs. On est clairement face à un spectacle grand public, et le réalisateur doit s'assurer que même le cancre du fond de la salle pourra comprendre l'enchaînement des faits, tant pis pour la subtilité.
Autre reproche, je n'ai pas trouvé Edward Norton très à son avantage dans la peau du héros Eisenheim : affublé d'un bouc et d'une coupe de cheveux peu seyants, j'ai l'impression que le comédien n'est pas forcément à l'aise dans les films en costumes. En terme de charisme, Norton peine à rivaliser avec Paul Giamatti et surtout Rufus Sewell, sa nemesis le prince Leopold, remarquable dans le registre de l'orgueil et de la folie contenue.
Heureusement, "The illusionist" ne manque pas d'atouts pour compenser ces quelques faiblesses, à commencer par le choix de son sujet et de son décor : qui ne souhaiterait pas se plonger dans l'univers fascinant des spectacles de magie, à Vienne à la fin du XIXème siècle - surtout lorsque la reconstitution historique se révèle aussi soignée (avec une attention particulière accordée aux costumes et accessoires)?
D'autant que cette reconstitution est soulignée par une photo magnifique, avec un somptueux contraste entre les teintes sepia assez froides de la ville et du théâtre, et les couleurs vives de la campagne autrichienne.
On assiste donc à un spectacle calibré mais divertissant, rehaussé par la présence de la jolie Jessica Biel, dont c'est l'un des trop rares premiers rôles au cinéma.
Mais s'il fallait n'en retenir qu'un seul, optez plutôt pour "The prestige".