C'est avec l'Innocence (ou Monster en Belgique) que je découvre le cinéma de Kore-Eda. Vu la qualité de ce film, je vais me pencher sur d'autres oeuvres de sa filmographie.
Monster (je trouve ce titre mieux approprié) s'ouvre sur un fait divers vu à travers les yeux d'une mère et son fils. On comprend très vite que quelque chose ne va pas dans ce duo, mais le film est très flou au début, ce qui fait que, si on est venu au cinéma sans aucune information (comme ce fut mon cas), on se demande un peu vers où tout ça nous mène. Cela crée une sorte de suspens et nous maintient intéressé par l'histoire, même si la relation compliquée d'une mère démunie et d'un fils qui manifestement ne va pas bien avait déjà tout pour me plaire.
Le film change d'ampleur après son 1er tier en changeant de protagoniste principal, et donc en changeant de point de vue. On comprend qu'on va assister à la même histoire, mais avec des points de vues différents, comme dans Rashomon de Kurosawa ou plus récemment dans Le dernier duel de Ridley Scott. C'est là le plus grand l'intérêt de ce film. Le scénario se tisse et se détisse au fur et à mesure que le film avance. Nos certitudes s'effondrent et se reconstruise. Tout ça est vraiment très bien écrit.
Le second point fort du film est sans aucun doute l'enfant joué Soya Kurokawa. C'est rare de voir des bons enfants acteurs au cinéma, mais là j'ai vraiment été bluffé. Le personnage est à la fois mystérieux et émouvant. On croit à fond à ce l'existence de ce jeune garçon tourmenté.
Kore-Eda explore les thèmes de la famille, des relations amicales et amoureuses, de l'adolescence, avec beaucoup de justesse. Il parvient à créer quelques très beaux moments aérien, notamment dans le dernier tier qui est le plus touchant.
Bref, beaucoup de qualités pour ce très bon "Monster". Jai juste quelques réserves sur la symbolique présentée à la fin du récit, mais ça ne diminue pas ma sympathie à l'égard de ce film.