Dur d'exister quand on est à l'ombre d'un des plus grands films de tous les temps !!!
Ce n'est pas la peine que je le cache, pour moi Friedrich Wilhelm Murnau est sans conteste un des trois plus grands réalisateurs du cinéma muet et un des quinze plus grands cinéastes de tous les temps...
"L'Aurore" est le sommet de son oeuvre et un sommet tout court, véritable monument en total état de grâce où les idées de mise en scène de génie se comptent par milliers, une définition à lui seul de la magnificence...
"City Girl" sorti dans la même période fait en comparaison pâle figure. Techniquement, le film est irréprochable mais c'est pratiquement tout or pour un Murnau une technique irréprochable c'est rien. Heureusement qu'il y a quelques fois des heureuses exceptions où Murnau n'oublie pas qu'il est Murnau et se lâche ; à l'instar du sublime travelling qui suit le couple, à peine marié et venant juste d'arriver à la ferme, se mettant à courir joyeusement à travers les champs de blé ou encore des scènes un peu documentaires de moissons qui préfigurent celles du "ciel" de Mallick.
Pour l'histoire, elle casserait pas trois pattes à un canard. Elle est naïve, les personnages ont une représentation manichéenne mais malgré tout elle parvient à toucher. La fin est même émouvante.
Et puis il y a le couple d'acteurs qui a joué dans ce que je considère comme le meilleur film de Frank Borzage "La Femme au corbeau" (hélas méconnu et incomplet !!!), Charles Farrell, grand spécialiste des rôles de campagnard gentil et neuneu, et Mary Duncan ; cette dernière en particulier est excellente.
En fait, ce film est loin d'être parfait, c'est pas un grand film non plus, et pourtant le seul reproche sur lequel on a vraiment envie d'insister, c'est d'être du même réalisateur que "L'Aurore".