La scène d'introduction, faite certainement pour surprendre et choquer gratuitement, n'apporte rien, ne correspond pas au propos et à l'ambiance du reste du film. C'était clairement dispensable. Le personnage joué par Guillaume Canet est un gros con tête à claques. Je n'ai rien contre les gros cons têtes à claques dans les films lorsque c'est nécessaire. Mais là, je pense que ça aurait gagné au change si on avait eu une figure plus sympathique et plus drôle. J'aurais eu d'autres réactions que celles de vouloir lever les yeux au ciel à chaque fois qu'il apparaît et de ressentir intérieurement le besoin de crier "Mais, ta gueule !". Cela aurait été bien aussi d'arrêter la "comédie" avec le personnage de Doria Tillier, une fois sorti de l'illusion des années 1970, c'est juste ajouter une couche de crème à un gâteau qui en avait suffisamment (oui, je reste dans l'obscure métaphore culinaire à deux balles, je ne spoilerai pas !).
Passé ces reproches, ce film n'est pas déplaisant. Nicolas Bedos n'a peut-être pas encore trouvé la plénitude de son talent, mais je trouve qu'il y a de quoi être optimiste s'il se laisse aller à plus de rigueur un jour, en ne voulant pas en mettre trop.
Il dirige très bien ses acteurs, en particulier Daniel Auteuil, qui n'avait pas été aussi bon depuis longtemps, en vieux ronchon dépassé par les nouvelles technologiques, et Doria Tillier, que le regard amoureux du réalisateur ne manque jamais une occasion de sublimer, est d'une vivacité qui fait que l'on tombe, aussi bien que l'homme derrière la caméra, aussi bien que le protagoniste, en pâmoison dès qu'on la voit.
Pour ce qui est du discours de fond, on se réfugie tellement dans le passé, on l'idéalise, on en oublie un peu trop les défauts, qu'on en vient à ne pas vouloir apprécier les rares plaisirs que nous procure un présent peu séduisant et peu rassurant. Ce n'est peut-être pas d'une originalité fracassante, d'une profondeur renversante, mais cela suffit à aider que l'on ressente de l'empathie pour les personnages, qu'on les aime bien, qu'on ait envie de les suivre le temps d'un film. On ne peut pas retirer cela à Nicolas Bedos.