Adapter le best-seller ultime, le livre le plus célèbre du monde, enfin du moins sa première partie à savoir l'Ancien Testament, c'est une ambition de gros malade qui nécessitait la mégalomanie d'un producteur. Dino De Laurentiis a très bien rempli ce type de rôle en se lâchant totalement niveau finances. Il a confié le bébé à un grand réalisateur, John Huston. Et pourtant, ce film a été un échec, ou du moins pas un succès, au box-office et se tape depuis une réputation pas franchement flatteuse.
Techniquement, le film est maîtrisé. Il n'y a rien à dire sur ce plan-là. Par exemple, les dix premières minutes, sans une présence humaine car il s'agit des premiers jours de la création de la Terre, avant que Dieu ait la très mauvaise idée de créer l'Homme, sont visuellement un régal. Mais sur près de trois heures, qu'est-ce qu'on se fait chier.
C'est une suite de tableaux sans âme (oui, je sais que ce reproche ne manque pas ici d'ironie !) des plus fameux épisodes de la Bible, sans personnalité (et pourtant ce n'est pas un yes man de dixième zone qui était derrière la caméra !), sans la moindre intensité (on ne ressent pas la plus petite émotion !), avec une voix-off très vite agaçante par son omniprésence et son ton pompeux, et, malgré un beau casting, jouée sans la moindre conviction.
Des très très longues presque trois heures du film, on ne peut que sauver les dix premières minutes, le jeu de John Huston (qui se dirige lui-même pour le coup !) qui apporte un peu d'humour en jouant Noé, et peut-être quelques images felliniennes lors de la séquence de Sodome et Gomorrhe. Autrement, on s'emmerde très profondément. Oui, on peut dire que c'est un ratage...