Habitué du genre, Raoul Walsh nous délivre un western singulier, ne serait-ce que visuellement, avec l'omniprésence des tuniques rouges de la police montée canadienne.
Aussi, les décors naturels canadien offre un cadre à l'esthétique indéniable.
L'histoire ne présente rien de novateur, bien qu'elle parte d'un postulat intéressant avec Alan Ladd, interprétant un policier canadien ayant grandi avec les indiens Creeks. Le film emprunte donc le sillage des westerns pro-indiens inaugurés quatre ans plus tôt avec La Porte du Diable et le plus connu La Flèche Brisée (même si Walsh avait esquissé une approche pro-indienne à la fin de La Charge Fantastique). Malheureusement, le tiraillement du personnage principal entre son devoir de soldat et sa tribu d'adoption est un peu sous-exploitée.
Le format court du film entraîne ainsi quelques facilités scénaristiques. On nous dépeint la tribu belliqueuse (les Sioux) et la tribu pacifiste (les Creeks), qui semblent au début vouloir faire cause commune pour une guerre de survie.
La relation avec le frère adoptif indien laisse également un goût d'inachevé. Elle est néanmoins intéressante, mais un peu oubliée au milieu du film.
C'est donc parfois un peu sommaire, comme le dénouement au final, avec le revirement trop rapide des Creeks.
L'histoire amène ùalgré tout quelques points positifs, comme Benton, obtus au départ - sorte d'image de Custer canadien emmenant ses hommes à leur perte - qui au final reconnaîtra la valeur de son subalterne et sera capable d'autocritique.
Shelley Winters interprète un rôle de femme forte dont la relation avec O'Rourke est ambiguë dès le départ. C'est bien suggéré. Son geôlier épris d'elle est le personnage le plus négatif du film en définitive.
Ce western reste une production de qualité fidèle au genre, avec une mise en scène soignée dans les décors naturels du Canada. Le nombre important de figurants mérite également d’être souligné, notamment pour les scènes de batailles et les charges de cavaleries. Cela contribue à l'esthétique et à la crédibilité de l'ensemble.
C'est donc un film agréable à suivre qui bénéficie du savoir-faire de son metteur en scène et d'une bonne interprétation. Il y a une importante galerie de personnages et des trames sous-jacentes à la trame principale. Pour cette raison, le format court - certainement imposé à Walsh - empêche un développement plus poussé de l'ensemble.