Je ne doute pas un instant que Patrice Chéreau soit un très grand monsieur du théâtre. Mais au cinéma, j'ai du mal, beaucoup. Certes, celui-ci n'est pas son domaine de prédilection. Pour autant, ses films sont souvent dotés d'une belle réputation, comme c'est le cas pour cette « Chair de l'orchidée ». Laborieux, peu clair voire pénible à regarder : j'avoue n'avoir pas pris beaucoup de plaisir à suivre une œuvre bancale, dotée d'une belle atmosphère, superbement photographiée par Pierre Lhomme, dont l'étrangeté peut parfois séduire. Reste qu'on ne s'intéresse pas. Les réactions des protagonistes, notamment dans la première partie, sont aberrantes, nous empêchant totalement d'y croire. Charlotte Rampling a un certain magnétisme mais ne peut justifier une telle fascination.
On sent, pourtant, le potentiel aussi bien côté polar que « psychanalytique » : les ingrédients sont là. Cela s'améliore d'ailleurs dans la seconde partie, notamment grâce à la présence mieux exploitée du duo de frères assassins, auquel les physiques d'Hans Christian et François Simon apportent vraiment quelque chose. Et puis il y a surtout Simone Signoret, en imposant dès les premières secondes, rappelant à quel point, même dans un second rôle, la patronne, c'est elle. Moins marquante, la présence d'Edwige Feuillère apporte toutefois une élégance supplémentaire, quelques scènes, parfois isolées, faisant leur effet (l'étrange apparition d'Alida Valli à la gare).
C'est trop peu. Même le final, pourtant intense, et le dénouement, dans l'absolu séduisant, sont filmés de telle façon qu'ils s'avèrent désincarnés, dénués d'émotion, cette distanciation permanente, ces choix de mise en scène se révélant fatals à la potentielle réussite de l'œuvre. Une vraie déception, dont on retient quelques faits marquants et une ambiance élégamment travaillée, me laissant très dubitatif sur les qualités de son auteur derrière la caméra.