J'avais, comme tout le monde, aimé « Les Invasions barbares », beaucoup moins « Le Déclin de l'emprire américain », c'était donc presque totalement neutre que j'abordais ce troisième volet de la « trilogie » de Denys Arcand. Et fort heureusement, celui-ci s'apparente nettement plus au premier cité (du moins qualitativement) qu'au second. Il y a vraiment un charme atypique chez ce réalisateur à la fois très cultivé sans jamais se complaire dans la pose, offrant même, pour l'occasion, une dimension « thriller » traitée avec beaucoup de soin, sans jamais que celle-ci n'apparaisse comme prétexte à une réflexion intello-chiante sur le sens de la vie.
Séduisant par sa capacité à offrir un vrai suspense tout en dissertant sur le capitalisme et le système économique souvent très libéral du Canada, l'œuvre réussit même à nous convaincre de cette histoire d'amour (aussi improbable soit-elle), pouvant s'appuyer sur un super casting, où l'on sent un soin particulier attribué à chacun, presque tous marquants à leur façon. C'est peut-être un peu moins tonique et savoureux dans la dernière ligne droite : on sent qu'Arcand reste un optimiste, dans la lignée d'un Robert Guédiguian.
Il y avait, sans doute, moyen d'être plus cinglant, cet épilogue n'étant qu'à moitié dans le ton proposé jusqu'alors. Maintenant, pourquoi pas :
un peu de douceur, de temps en temps...
Un film très attachant porté par un héros qui l'est tout autant (et avec lequel j'étais très souvent en phase politiquement, ce qui fait toujours plaisir!) : le retour du Denys Arcand qu'on aime.