J'ai une grande tendresse pour ce western que j'ai découvert un peu par hasard il y a quelques années sur la foi du nom du réalisateur, Delmer Daves.
Réalisé en 1959, c'est son dernier western. De plus, son acteur principal Gary Cooper, déjà fort malade, qui mourra deux ans plus tard, joue aussi ici un de ses derniers westerns avec "Ceux de Cordura" dont j'ai fait récemment la critique sur SC.


Certes le scénario est archi classique et plutôt prévisible. Il contient un petit aspect mélodramatique qui n'est pas du tout pour me déplaire. Le traitement des personnages est volontairement peu manichéen et révèle la part d'ombre inévitable de chacun.
Un médecin, Joe Frail, d'un genre plutôt taciturne, venu d'un autre contrée s'installe dans un petit village de chercheurs d'or dans le Montana dans les années 1870.
Il traine derrière lui une histoire personnelle pas claire concernant son épouse qui fut tuée mais dont on ne saura pas grand-chose. L'histoire est colportée par un espèce de prédicateur marginal et surtout malveillant. Dès le début, le médecin s'impose par sa compétence et l'attention bienveillante qu'il porte aux malades ou aux blessés.


Un point remarquable qui tranche avec la plupart des westerns, c'est la configuration des lieux. Ici point de plaines immenses ou de paysages grandioses avec une caméra panoramique. On est dans une vallée encaissée et la maison qu'occupe le médecin est sur une falaise qui surplombe le village. D'ailleurs, le fameux arbre aux pendus correspondant au titre original "the Hanging Tree" se situe aussi sur la falaise et domine le village.
Il y aura donc beaucoup de vues en plongée ou au contraire en contre-plongée.


Un intérêt du scénario est l'évolution lente de la mentalité du village. Au début, la communauté en autarcie complète est d'autant plus sympathique qu'elle marque de la solidarité et une capacité d'accueil que ce soit pour le médecin qui s'installe ou pour la femme gravement blessée et rendue quasiment aveugle dans une attaque de diligence et recueillie par le médecin. Puis, peu à peu, les mentalités évoluent soit du fait des ragots colportés ou des jalousies soit du fait qu'on finit par en extraire vraiment de l'or, ce qui a le don d'échauffer les esprits.


Le casting est intéressant aussi.
On a déjà parlé de Gary Cooper qui joue le rôle du médecin avec son empathie extraordinaire vis-à-vis des patients, malgré son passé trouble. Les scènes de soin de la femme gravement blessée dont il va peu à peu rendre la vue sont très belles et émouvantes.
La femme en question, c'est Maria Schell dont le rôle comporte aussi sa part d'ombre. On apprend qu'elle a fui l'Europe avec son père pour faire fortune en Amérique jusqu'à l'attaque meurtrière de la diligence où elle est l'unique survivante. Le personnage de Maria Schell ne manque pas de lyrisme et de tendresse dans sa reconnaissance et dans sa volonté farouche de se sortir de l'ornière en s'intégrant à la communauté et en se lançant dans la recherche d'or.
Le troisième personnage important du film est joué par Karl Malden. Au début, le personnage est un peu farfelu, un peu facétieux, en bref pas méchant, puis se transforme peu à peu en quelqu'un de malfaisant et de très inquiétant. Lui aussi d'ailleurs a ses moments de tendresse lorsqu'il découvre le personnage de Maria Schell inconsciente et blessée. Karl Malden, affublé d'un invraisemblable casquette de montagnard, joue à la perfection son rôle de personnage ambigu et instable.


La bande-son de Max Steiner est agréable et bien adaptée au film. La chanson du générique "the hanging tree" en VO a été traduite dans la VF et arrangée par Boris Vian.


C'est un bien beau western dont la dernière scène jouée magistralement par maria Schell est poignante.

JeanG55
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Westerns, Les films de Delmer Daves et Les meilleurs films de 1959

Créée

le 28 juil. 2021

Critique lue 554 fois

12 j'aime

9 commentaires

JeanG55

Écrit par

Critique lue 554 fois

12
9

D'autres avis sur La Colline des potences

La Colline des potences
voiron
8

Critique de La Colline des potences par voiron

La colline des potences montre l’arrivée d’un médecin dans une petite communauté de chercheurs d’or en 1873 dans le Montana. Le docteur Joe Frail a un passé trouble, joueur de cartes, il s’est...

le 16 janv. 2016

29 j'aime

8

La Colline des potences
Torpenn
7

Adieu Gary Cooper !

Un bon western comme on les aime... Un décor bien planté : un éphémère village de chercheurs d'or dans un paysage de petite montagne. Un héros ténébreux : Gary, que demander de plus ? Une jeune fille...

le 1 sept. 2010

29 j'aime

29

La Colline des potences
Sergent_Pepper
9

City of fights

André Bazin définit ainsi le sur-western : « Disons que le « sur-western » est un western qui aurait honte de n'être que lui-même et chercherait à justifier son existence par un intérêt...

le 8 janv. 2018

21 j'aime

Du même critique

L'Aventure de Mme Muir
JeanG55
10

The Ghost and Mrs Muir

Au départ de cette aventure, il y a un roman écrit par la romancière R.A. Dick en 1945 "le Fantôme et Mrs Muir". Peu après, Mankiewicz s'empare du sujet pour en faire un film. Le film reste très...

le 23 avr. 2022

25 j'aime

9

125, rue Montmartre
JeanG55
8

Quel cirque !

1959 c'est l'année de "125 rue Montmartre" de Grangier mais aussi des "400 coups" du sieur Truffaut qui dégoisait tant et plus sur le cinéma à la Grangier dans les "Cahiers". En attendant, quelques...

le 13 nov. 2021

25 j'aime

5

La Mort aux trousses
JeanG55
9

La mort aux trousses

"La Mort aux trousses", c'est le film mythique, aux nombreuses scènes cultissimes. C'est le film qu'on voit à 14 ou 15 ans au cinéma ou à la télé et dont on sort très impressionné : vingt ou quarante...

le 3 nov. 2021

24 j'aime

19