"La Conquête de l'Ouest" est un film ambitieux et démonstratif pour signifier que les Etats-Unis se sont construits par la force du poignet et grâce à une multitude gens anonymes qui se sont jetés dans l'aventure avec parfois la mort au bout.
Le western est construit autour de trois histoires indépendantes mises en scène par trois réalisateurs différents :
- Georges Marhall pour la partie "chemin de fer Est/ouest"
- Henry Hathaway pour la partie "Rivières, plaines et bandits"
- John Ford pour la partie "Guerre de Sécession"
Je me suis demandé pourquoi cette troisième partie relative à la guerre de Sécession car elle me semble un peu marginale dans "l'idée" de la Conquête de l'Ouest sinon à avoir plutôt ralenti le processus de conquête. Une grande partie, sinon la plupart, des pionniers se sont installés dans les états nordistes. En fait je pense (sans en être très convaincu) que dans l'esprit des américains, cette guerre civile a été une épreuve qui a été surmontée pour aboutir à la réunification des états du sud à ceux du nord et donc d'une partie des pionniers qui avaient investi certains états sécessionistes comme l'Arkansas ou le Texas. Si la guerre de sécession avait conduit à la création de deux états indépendants, l'idée de "conquête de l'ouest" perdait un peu de son sens.
J'avais vu le film quand j'étais adolescent dans un cinéma de quartier et ne me souviens pas du tout des effets panoramiques recherchés dans le procédé Cinerama. Peut-être, il n'y en avait pas car l'écran était un écran ordinaire. Par contre le DVD montre des effets de courbure de l'espace par exemple quand la caravane est dans le Nevada ou encore dans la descente en radeau des rapides. Est-ce un effet résiduel du procédé Cinerama ?
Ces remarques étant faites, les 150 minutes du film défilent sans qu'on voit le temps passer. Notamment la première partie qui décrit le départ de la famille Prescott sur les rivières du Nord des Etats-Unis, la romance entre une fille Prescott (Caroll Baker) et le trappeur (James Stewart), l'impressionnante descente des rapides.
D'ailleurs c'est cette famille Prescott qui sera le fil rouge de l'ensemble du film puisqu'on retrouvera dans chaque partie un élément de cette famille entre ceux qui se sont installés comme rancher ou ceux qui poursuivront l'aventure.
Côté casting, on retrouve à des degrés divers tous les acteurs d'importance de l'époque. On a déjà évoqué James Stewart, on trouve Gregory Peck en joueur professionnel, Henry Fonda en sauvage chasseur de bisons, Richard Widmark en patron exigeant et cynique du chantier de la ligne de chemin de fer et John Wayne dans un court rôle où il incarne un capitaine de l'armée nordiste. Je ne l'ai reconnu qu'à sa façon de jeter rageusement par terre son mégot dans un grand geste typique...
Il y a aussi le jeune George Peppard qui joue le rôle du fils du personnage de James Stewart qui s'enrôlera pour la guerre et qui finira comme shérif dans une petite ville de l'Arizona.
Ou encore LeeJ Cobb dans un rôle de shérif et Eli Walach dans un rôle de bandit.
Debbie Reynolds et Carrol Baker dans les rôles des filles Prescott qui incarnent deux visages essentiels et différents de l'Amérique : la première, la citadine, chanteuse de music Hall, aventureuse, mariée à Gregory Peck et la deuxième, la patronne du ranch, stable, solide, mariée à James Stewart
Je n'ai pas réussi à repérer Harry Dean Stanton en hors-la-loi...
D'un point de vue mise en scène, une voix off (Spencer Tracy) fait les transitions entre les scènes. De nombreuses scènes sont impressionnantes et remarquables comme la descente des rapides, les canonnades (bataille de Shiloh), l'attaque du train par les bandits ou encore l'attaque des bisons sur le chantier du chemin de fer.
La bande-son accompagne parfaitement le western dans ses moments les plus critiques. En particulier les nombreuses chansons dont certaines traduites / arrangées en français donnent un cachet indéniable et émouvant au film.
Au final, western romanesque et épique.