Sensationnelle réussite d'un des plus grands réalisateurs de l'Histoire du cinéma, « La Femme à abattre » impressionne par sa modernité. D'abord de construction, tant Raoul Walsh se plaît à voyager entre passé et présent pour nous éclairer au fur et à mesure sur l'enquête, sans que celle-ci ne perde jamais le moindre instant sa fluidité où sa richesse. Nous avons d'ailleurs beau être dans quelque chose de très classique, le résultat est constamment étonnant par la mise en scène remarquablement inventive de Walsh, comme en témoigne quelques scènes subjectives aussi violentes que saisissantes.
Mais c'est surtout cet univers complètement désenchanté, pourri jusqu'à la moelle qui fascine, comme s'il n'y avait rien à espérer d'une humanité en perdition, qui ne croit plus en rien si ce n'est gagner de l'argent et être reconnu, quitte à commettre les pires actes pour y arriver. À ce titre, Everett Sloane parvient à rendre son monstrueux personnage inoubliable en seulement quelques minutes de présence à l'écran, ce qui n'est pas donné à tout le monde. Une collaboration Raoul Walsh - Humphrey Bogart du tonnerre : un très grand Film noir.