Bon à part qu'au niveau de la protection de témoin, les policiers ont de très gros problèmes avec les fenêtres, ne sachant visiblement pas de manière improbable que c'est une très grosse source de dangers, il y a rien à jeter dans ce film noir qui a des allures de films politiques...
Ces allures sont amplifiées par le fait que beaucoup de personnes dans la distribution de ce film ont eu des grosses emmerdes avec le maccarthysme, Bogart et Walsh compris, alors à son summum à cette époque. Et puis, c'est principalement la description qui est faite de la Mafia qui en fait une critique politique, la Mafia étant représentée comme un véritable virus duquel personne n'est à l'abri, description qui fait frémir encore aujourd'hui par sa noirceur et sa froideur.
Et pour mener le tout très efficacement, rien de mieux qu'un vieux briscard superbement talentueux comme Raoul Walsh qui emporte le tout à un train d'enfer, n'ayant pas peur des flashbacks et des flashbacks dans des flashbacks, sans pour autant que le spectateur perde le fil (bon c'est sûr qu'il ne vaut mieux pas qu'il s'absente une minute pour aller pisser !!!). Et rien de mieux aussi que de mettre un bulldozer de charisme comme Humphrey Bogart devant la caméra pour mener encore plus efficacement.
La fin réussit l'exploit d'être la partie la plus excitante d'un ensemble déjà bien excitant après l'introduction d'un excellent rebondissement totalement inattendu qu'il vient donner un dernier coup de fouet à l'histoire et rendre crédible le fait que le protagoniste finit par gagner un combat qui semblait pourtant perdu d'avance.
Brut de décoffrage, c'est à cela qu'on reconnait un grand Raoul Walsh et un grand film noir...