J'avais bien aimé « Terre battue » du même Stéphane Demoustier, il y avait donc une certaine logique à ce que j'aille voir « La Fille au bracelet » en salles, d'autant que le sujet était intéressant. D'emblée, avec cette scène d'introduction entièrement muette posant avec beaucoup d'intelligence le ton de l'œuvre, on sent qu'il y a un point de vue, un vrai réalisateur derrière la caméra : sobre, appliqué, non dénué d'idées. Le reste sera, certes, plus classique, trouvant un équilibre assez juste entre scènes de procès et quotidien de la famille dans ce moment (très) difficile (une jeune femme accusée du meurtre de sa meilleure amie).
Alors clairement, c'est très linéaire, se focalisant beaucoup sur les arguments des avocates et les témoignages des différents appelés, pouvant laisser pointer une légère lassitude sur la durée, sans que cela ne soit plus problématique que cela. Les choix sont cohérents, l'écriture très rigoureuse : on y croit, aussi bien par la qualité des personnages, nuancés, complexes, gardant régulièrement une part d'ombre, à l'image de cette insaisissable héroïne, ambiguë jusque dans les dernières minutes, que de l'interprétation : Melissa Guers, donc, très intéressante, bien entouré par Roschdy Zem, Anaïs Demoustier, Chiara Mastroianni et l'excellente Annie Mercier, remarquable en défenseur aussi tenace que pragmatique.
Vous écrire que j'en suis sorti enthousiasmé serait excessif, mais c'est un bon film, rigoureux, clair, sans artifices et se montrant suffisamment subtil pour ne jamais trancher définitivement, à l'image de cette dernière scène soulevant plus de questions que de réponses... Stéphane Demoustier confirme qu'il est désormais un nom à suivre.