Le Spectateur dont l'avis a évolué

Deux critiques écrites à une quinzaine d'années d'intervalle, où je me surprends à augmenter de deux points ma note initiale, chose rare! Je vous laisse juger du reste.

Première critique (4/10) :

Un Claude Chabrol peu emballant, reprise d'un film de Richard Fleischer autrement plus convaincant. Même s'il faut reconnaitre un réel talent au cinéaste pour créer des personnages de qualité, assez originaux, et des dialogues parfois virtuoses, l'ensemble n'est jamais plaisant, voire déplaisant. Et on se trouve à plusieurs reprises au bord de l'ennui.

De plus, on peut se poser la question : quel intérêt pour Chabrol de nous offrir depuis quarante ans toujours les même histoires, à savoir les drames bourgeois où les gens se révèlent absolument odieux? Une ou deux fois, OK, mais trente...

Reste une interprétation d'assez bonne qualité : Ludivine Sagnier correcte, Benoit Magimel plus inspiré que lors de ses derniers rôles, mais surtout un François Berléand toujours aussi impérial. Un film d'un réalisateur assurément intelligent et talentueux, sans parvenir pour autant à nous intéresser à l'histoire ou aux protagonistes : problématique, forcément.

Seconde critique (6/10) :

À moitié convaincu la première fois, le fait divers m'intéressait toutefois suffisamment (et aussi parce que j'avais l'intention de voir peu de temps après la version de Richard Fleischer!) pour me replonger dans ce Claude Chabrol diversement apprécié, au succès public honorable. L'ensemble se tient, que ce soit dans l'écriture des personnages, la construction du scénario, l'écriture, bien que rien ne surprenne vraiment lorsqu'on connaît le plaisir qu'a l'auteur du « Boucher » à se plonger dans le milieu bourgeois, entre fascination et mépris.

Quelques bonnes scènes, sachant créer le malaise, notamment grâce à un Benoît Magimel signant l'une de ses meilleures prestations. Légèrement sulfureux mais pas trop, le film séduit, à défaut de passionner. Le réalisateur se focalise peut-être un peu trop sur sa critique des nantis au détriment du drame plus intime qui se joue, et on peut trouver que Ludivine Sagnier, aussi charmante soit-elle, n'était pas forcément l'interprète idéale pour Gabrielle (surtout lorsqu'on voit qui l'interprète dans « La Fille sur la balançoire »!). Du bon Chabrol, maîtrisé, légèrement cruel et un peu froid.