Alors là les p’tits gars et les p’tites nanas de chez Lego, ils sont quand même forts…
Moi, ce film, j’y allais presque à reculons. C’est vrai que j’avais été très agréablement surpris par « La grande aventure Lego » premier du nom ainsi que par sa déclinaison « Lego Batman » sortie début 2017. Il s’agissait quand même de gigantesques spots publicitaires pour la marque de briques danoises et pourtant, malgré cela, ils étaient parvenus à en faire une œuvre drôle, décalée et qui en plus – chose incroyable – avait du sens avec l’esprit Lego !
Non mais la vache quoi… Réussir à faire ça deux fois d’affilé, cela relevait presque du coup de chance artistique.
D’ailleurs, pour moi, la sortie de « Lego Ninjago » fin 2017 était un peu venue confirmer cette idée : tout ce qui pouvait être dit et fait avec Lego au cinéma l’avait déjà été et le simple fait de persister ne pouvait que conduire à la lassitude et à l’usure…
Et le pire c’est que le début de cette « Grande aventure Lego 2 » est d’abord venu me confirmer cette impression.
OK c’était techniquement beau.
OK on retrouvait ce petit humour bon-enfant et ces petites références qui font sourire mais bon… Déjà vu quoi.
Et je ne vous le cache pas : pendant une bonne demi-heure, j’ai vraiment suivi ce film sans grand allant. J’avais envie de sourire et de me laisser par ce métrage visiblement réalisé avec les meilleures intentions, mais je n’y arrivais pas.
Je n’arrêtais pas de me dire intérieurement : « il aurait fallu vous arrêter plus tôt les gars. Tout ça, moi, j’ai l’impression de le connaître par cœur… »
Et c’est vrai que, pour ce qui est de cette première partie, cette suite joue bien trop la carte de la continuité et de la fidélité pour vraiment emballer celui qui, comme moi, est assez familier du premier opus.
Rythme frénétique : check.
Association d’univers atypiques : check.
Lien annoncé entre la fiction Lego et le monde « réel » dans lequel il est sensé prendre vie : check…
Pas de rupture.
Pas de nouveauté.
Et ce qui est triste c’est que ça dure une bonne demi-heure donc.
Une demi-heure durant laquelle je me suis raccroché à ce que j’ai pu ; à tous ces efforts qui relèvent de la nouveauté d’apparat : références nouvelles, tentatives d’installation de nouveaux personnages, effort accentué sur les musiques et les chansons…
Sans être un moment « super-génial », bon-an-mal-an, ça a quand même tenu me concernant…
Et tant mieux parce que – je ne le savais pas encore – mais le meilleur était à venir.
Au bout d’un certain moment, j’ai commencé à voir où voulait en venir cette « Grande aventure Lego 2 » et, petit à petit, cette suite est parvenue à reconstituer quelque-chose d’assez riche et unique avec tout ce qu’elle a décidé de poser durant sa première demi-heure. D’une logique de continuité, le film passe enfin dans une logique de complément.
Et là – oui – les petits gars et petites nanas de chez Lego sont vraiment (mais vraiment) très forts.
Parce qu’en plus de compléter avec beaucoup d’intelligence la démarche de son prédécesseur, ce film se permet un petit récital en termes de mise en scène, démontrant qu’il sait parfaitement bien jouer du changement de rythme, du changement de registre (l’air de rien ce film est parvenu à m’émouvoir quelques fois) mais aussi de la running joke...
(Moi, Bruce Willis, la première fois j’ai souri intérieurement. La deuxième fois ça m’a étiré ma zygomatique. La troisième fois j’ai pouffé comme un gosse. Et ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres.)
...
Mais là où – vraiment – je tire mon chapeau, c’est dans cette capacité de ce « Lego Movie 2 » à rajouter une grille de lecture supplémentaire à l’édifice habituel.
D’habitude, on avait une intrigue propre au monde des petits personnages Lego et une autre qui venait se surimposer à elle pour comprendre la philosophie profonde du Lego.
Mais dans ce film, à ces deux premiers degrés là s’est donc ajouté un troisième : une capacité à réfléchir de manière dynamique sur notre manière de nous construire par le jeu. Oui oui, c’est assez dingue de le dire, mais ils l’ont fait.
Parce que l’air de rien, ce film questionne à la fois la construction du genre et surtout la construction de l’adulte. Et il le fait sans lourdeur. Franchement bravo.
Franchement, je trouve d’ailleurs que ce final relève vraiment du travail d’orfèvre. A ce moment-là, tout l’édifice apparaît clairement. Et il faut qu’en plus de cela ce film s’amuse à jouer avec ses codes et ses propres chansons.
Non mais l’éclate quoi…
Et tout ça de la part d’une grande pub de deux heures ?
Non mais franchement chapeau bas…